Dix-huit Giacometti en vente à Paris

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1994 - 375 mots

Les œuvres dépendent de la succession Annette Giacometti.

PARIS - Dix-huit œuvres de Giacomettti – quatorze sculptures et quatre tableaux – seront mises en vente le 11 juillet à l’Hôtel George V par Me Jacques Tajan. L’ensemble - dont Me Tajan attend environ 30 millions de francs – fait partie de la succession Annette Giacometti, décédée l’an dernier. Alberto Giacometti avait épousé Annette Arm en 1949.

La pièce majeure est une épreuve d’artiste de La Clairière, 1950, (59,5 cm, estimée 6 millions de francs). Giacometti y exprime de la manière la plus aiguë sa vision de la solitude humaine. Neuf personnages filiformes marchent sur une place. Ils la traverseront sans jamais se rencontrer. Pour le sculpteur, ce groupe d’hommes évoquait "un coin de forêt, vu pendant de nombreuses années et dont les arbres aux troncs nus et élancés me semblaient être toujours comme des personnages immobilisés dans leur marche".

Lothar II (58 cm, 1,5 million de francs) est également un archétype puissant de cette représentation humaine, dépouillée, visant l’absolu. Avec un air stoïque, un regard intense, Lothar nous fixe comme un Bouddha triste et résigné. "L’art de Giacometti me semble vouloir découvrir cette blessure secrète de tout être et même de toute chose, afin qu’elle les illumine", écrivait Jean Genet dans son essai L’Atelier de Giacometti.

Diego Giacometti, frère d’Alberto, et Annette ont posé à maintes reprises pour l’artiste. La vente propose des épreuves de Diego assis (59 cm, 2 millions de francs), d’Annette debout (47 cm, 600 000 F) et de Femme de Venise VII (117 cm, 4,5 millions de francs).

Les peintures – Caroline à la robe rouge (1965, 130 x 90 cm, 1,2 million de francs), Yanaihara (92 x 73 cm, 600 000 francs), Nu debout (82 x 72,7 cm, 500 000 francs), Portrait de Pierre Josse (41 x 33 cm, 400 000 francs) – sont d’autres exemples du combat de Giacometti. Insatisfait perpétuel, le peintre ne cessait de reprendre ses toiles, de faire et de défaire. Le Japonais Yanaihara dut reculer de deux mois son retour au Japon, tellement Giacometti réclamait de nouvelles séances de pose.

Exposition les 11, 12 et 13 juin à Monte Carlo, hôtel de l’Hermitage, puis les 9, 10 et 11 juillet à Paris, hôtel George V.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°4 du 1 juin 1994, avec le titre suivant : Dix-huit Giacometti en vente à Paris

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