Bruxelles

Le Congo à l’honneur

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 9 juin 2010 - 695 mots

Du 9 au 13 juin, Bruneaf (Brussels Non European Art Fair) fête à sa manière le cinquantième anniversaire de l’indépendance du Congo.

BRUXELLES - Qui dit changement de direction, dit souvent changement de cap. Désormais présidée par le marchand bruxellois Pierre Loos, Bruneaf (Brussels Non European Art Fair) a pris le parti d’augmenter sa liste d’exposants, alors que sous la précédente présidence du galeriste bruxellois Patrick Mestdagh, elle veillait à en limiter le nombre pour garantir la sélectivité. L’élargissement sera donc un test. Parmi les nouvelles recrues, on relève les Parisiens Clam et Yannick Durand, qui montreront de l’art précolombien, discipline jusque-là représentée uniquement par la galerie Deletaille (Bruxelles). Laurent Dodier (Le Val-Saint-Père, Manche) fait son entrée avec une sélection portée sur l’Océanie, notamment quarante-six têtes de Polynésie et Mélanésie.

Concurrence sévère
Mais, surtout, l’événement se raccroche au cinquantenaire de l’indépendance du Congo, célébré au Palais des beaux-arts de Bruxelles avec l’exposition « Geo-graphics, a map of art practices » (du 9 juin au 29 septembre). Plusieurs participants se sont mis au diapason, à l’image des Bruxellois Marc Felix (lire encadré) et Joaquin Pecci. Ce dernier prévoit, au premier étage de sa galerie, une exposition de masques Pendé, rendus autrefois publics à l’occasion de danses théâtrales. On s’attarde notamment sur un masque Pumbu personnifiant le chef tueur, ou encore un masque Muyombo au long menton représentant un héros de la guerre. Le nouvel arrivant Grégory Chesne (Lyon) ménage une confrontation stylistique entre quinze objets du Gabon et quinze autres du Congo. Patrick Mestdagh fête, quant à lui, les quinze ans de sa galerie en déployant, dans son nouvel espace, quinze « trésors », tels qu’un tabouret Mangbetu ou une pagaie de l’île de Pâques.

La nouvelle direction de Bruneaf a également voulu « reprendre les commandes » vis-à-vis des salons BOAFair (Brussels Oriental Art Fair) et BAAF (Brussels Ancient Art Fair) qui se déroulent au même moment. « On n’accepte plus de compromis au niveau des dates et des vernissages. En tant qu’initiateur du mouvement, Bruneaf doit garder la barre », prévient Pierre Loos. Cette année, BAAF ne se montre pas vraiment offensive avec une liste réduite à treize exposants. Visiblement, certains marchands d’antiquités ont préféré tenter leur chance à Londres, où une multitude de salons sont parallèlement organisés.

La foire doit encore en découdre avec la concurrence du Parcours des mondes, à Paris (lire le JdA no 326, 28 mai 2010, p. 21). « Notre point fort, c’est le prix raisonnable, le côté chaleureux et convivial. La clientèle entre Paris et Bruxelles est à 90 % la même », insiste Pierre Loos. Toutefois, comme le remarque à juste titre le galeriste parisien Yann Ferrandin, le public à Paris est plus international. Pour relancer la dynamique bruxelloise, le nouveau président a enfin choisi de déplacer les dates de Bruneaf Hiver, organisé habituellement en novembre, pour coïncider avec la Brafa (Brussels Antiques and Fine Arts Fair) en janvier. Il est néanmoins un dernier adversaire difficilement contournable : les salles de ventes, qui enchaînent des records alors que les affaires sont plus calmes en galeries. « Cela a été douloureux pour des objets qui nous font vivre, entre 1 000 et 10 000 euros. Ce n’est en effet pas avec des chefs-d’œuvre qu’on vit, admet Pierre Loos. Mais nous sommes devenus plus malins, nous bougeons plus, nous repartons à la chasse. » Le combat continue.

Les Lega de Marc Felix

Le marchand bruxellois Marc Felix est coutumier des expositions thématiques, exhaustives et didactiques. Cette année, il jette un éclairage sur les objets Lega, dont les typologies sont très diverses. Il montre ainsi des reproductions d’outils en ivoire, des masques portés non sur le visage mais sur différentes parties du corps, ainsi que des chapeaux ornés de coquillages et d’écailles de poisson. Pour déterminer les prix, Marc Felix ne s’est pas aligné sur l’étrange record de 2,2 millions de dollars (1,75 million d’euros) obtenu par une figure à quatre têtes Lega chez Sotheby’s le 14 mai à New York. « Ce prix est grotesque, indique-t-il. Cet objet correspond à l’esthétique de gens venant de l’art moderne et contemporain. C’est un objet “design”?. Il est rare, il a du charme, mais il n’a pas été employé dans un contexte rituel. Celui qui l’a acquis n’est certainement pas un spécialiste d’art africain. »

BRUNEAF XX, du 9 au 13 juin, quartier du Grand-Sablon, Bruxelles, www.bruneaf.com, vernissage le 9 juin 15h-21h, exposition les 10 et 12 juin 11h-19h, le 11 juin 11h-20h et le 13 juin 11h-17h

BRUNEAF XX
Président : Pierre Loos
Nombre d’exposants : 63
Cotisation : 950 euros 1 500 euros pour une page dans le catalogue

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°327 du 11 juin 2010, avec le titre suivant : Le Congo à l’honneur

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