Drouot

Ventes en demi-teinte

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 9 juin 2010 - 706 mots

Les Temps Forts de Drouot présentent deux fois par an un florilège des plus beaux objets de la saison présentés en vente à Drouot. Mais le succès n’est pas toujours au rendez-vous.

PARIS - Les commissaires-priseurs parisiens de l’hôtel Drouot ont toujours fonctionné en ordre dispersé. Farouchement individualistes, ils évitent de se regrouper entre plusieurs sociétés de ventes afin d’organiser des ventes thématiques cohérentes et attractives. Mais, depuis 1996, ils ont Les Temps Forts, dans les salons de Drouot-Montaigne. Pour ce rendez-vous bi-annuel qui annonce les lots phare des ventes de prestige de mai-juin et novembre-décembre à Drouot, ils acceptent de prêter des meubles, tableaux et objets d’art pour une exposition commune, pourvu que le nom de leur société de ventes soit bien visible sur les cartels des objets exposés. Environ 500 œuvres d’art sont proposées par une quarantaine de maisons de ventes sans qu’elles soient visées par un vetting (comité de sélection). Ce dernier point fait d’ailleurs grincer les dents de certains commissaires-priseurs qui voient leurs objets figurer à côté de pièces très discutables.

Dix jours après la fin des Temps Forts, qui ont eu lieu du 18 au 24 mai à Drouot-Montaigne, à peine un quart des 502 lots exposés est passé sous le feu des enchères. Mais les tout premiers résultats donnent les tendances du marché parisien en cette saison. Le commissaire-priseur Marc-Arthur Kohn qui était un des rares à proposer du mobilier ancien, a pu exposer aux Temps Forts une quinzaine de meubles et objets d’art. Parmi les lots qui connurent le succès escompté le 21 mai à Drouot sous son ministère, notons un bonheur-du-jour Louis XVI (vers 1775) par Charles Topino, envolé à 212 500 euros contre une estimation haute de 130 000 euros ; une petite table de la fin de l’époque Louis XV (vers 1770) par Roger Vandercruse, adjugée 275 000 euros contre une estimation haute de 200 000 euros ; une commode d’époque Transition (vers 1770-1775) estampillée Carlin, emportée 262 500 euros, son estimation haute ; une petite table d’époque Transition, en laque de chine, estampillée Wolff, faite pour le château de Bellevue (à Meudon) et vendue 225 000 euros, dans son estimation ; ou encore une exceptionnelle console d’applique Louis XIV (vers 1700), en bois doré, partie à 127 500 euros, un prix attendu.

Attentes déçues
Ce dernier meuble était annoncé comme le coup de cœur du musicien William Christie qui était invité parmi d’autres personnalités à commenter un objet de son choix aux Temps Forts. D’autres objets de la même vente, également exposés aux Temps Forts, n’ont pas trouvé preneur, tel un spectaculaire tableau de Jean-Marc Nattier de 1724 estimé 220 000 euros, dont le sujet était très particulier, (le portrait d’un homme travesti) et un bureau de pente Louis XV (vers 1750), à panneaux de laque, estampillé Dubois et estimé 450 000 euros, dont les laques n’étaient malheureusement pas en bon état. Plus surprenant, une superbe commode Louis XV (vers 1750-1755) en laque, estampillée Jean Desforges et estimée 800 000 euros, ainsi que le salon du pavillon de musique du château de Montreuil ( à Versailles), d’époque Louis XVI, comprenant quatre fauteuils et une marquise en bois doré estampillés Sulpice Brizard, estimé 180 000 euros, n’ont pas été vendus. « J’avais des ordres d’achat sur ces deux lots qui ont été annulés par mes clients, suite à une chute de la Bourse », explique le commissaire-priseur.

À côté de cela, des ventes événementielles, dont plusieurs lots phare étaient présentés aux Temps Forts, ont obtenu des résultats mitigés. Ainsi la vente inaugurale de bandes dessinées d’Hergé organisée par Piasa le 29 mai à Drouot, en partenariat avec la société Moulinsart, a-t-elle rapporté un peu plus d’un million d’euros, dans l’estimation. L’enchère la plus élevée s’est portée sur une double planche du Sceptre d’Ottokar, à l’encre de Chine, aquarelle et gouache, vendue 243 750 euros, à côté de prix plus décevants. Et 541 500 euros ont été enregistrés par la SVV Lafon-Castandet le 2 juin, à Drouot-Montaigne, pour les fers historiques de l’atelier Simier, dernier relieur des rois de France. C’est deux fois et demi l’estimation, mais deux fois moins que ce qu’on pouvait espérer. La plus haute enchère est allée à un fer aux grandes armes de l’empereur Napoléon, adjugé 31 000 euros. Mais on pouvait s’attendre à mieux pour d’autres lots de fers royaux, tel celui aux armes de Louis XV. La saison des ventes de prestige se poursuit à Drouot jusque début juillet, avec son lot de surprises et de déceptions. À suivre…

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°327 du 11 juin 2010, avec le titre suivant : Ventes en demi-teinte

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