Entretien croisé : François Laffanour et Jacques Perrin, membres de la commission Biennale des antiquaires 2010

Il y a toujours des liquidités pour les beaux objets

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 9 juin 2010 - 645 mots

Depuis quand participez-vous à la Biennale des antiquaires ?
François Laffanour : C’est ma quatrième participation cette année.
Jacques Perrin : Je pense que je suis le doyen. J’ai ouvert ma galerie du quai Voltaire [à Paris] en 1964 et deux ans plus tard, j’exposais à la biennale, pour sa troisième édition.

À quoi ressemblait la biennale les premières années de sa création ?
J. P. : L’idée de lancer un salon d’antiquaires a été initiée à la fin des années 1950 par Pierre Vandermeersch, président du Syndicat national des antiquaires (SNA). La première Biennale des antiquaires a eu lieu en 1962 au Grand Palais. Elle réunissait quelque 120 antiquaires pour trois semaines d’exposition dans des décors féeriques. Il est intéressant de noter que, dès le départ, la biennale était déjà un salon international, ce qui était inhabituel à cette époque en Europe, à l’exception de la foire de Florence en Italie.

La biennale est plus courte cette année. Son nombre d’exposants est plus limité.
F. L. : La question du nombre d’exposants est un sujet de réflexion non tranché à ce jour. La durée de la biennale a été volontairement raccourcie, de onze à huit jours entre 2008 et 2010. C’est un bon équilibre, sachant que la tendance, pour les salons modernes, est de quatre jours d’exposition.
J. P. : Je ne pense pas qu’il faut avoir plus d’exposants si l’on veut conserver un haut niveau de qualité. Les bons marchands et les très beaux objets d’art se font rares. Il faut tenir compte de cela. De toute façon, les stands sont trop chers pour l’antiquaire moyen (près de 1 000 euros le mètre carré). Le lieu est mythique mais onéreux, avec des hausses régulières de tarif. Écourter la biennale nous a permis de diminuer les coûts.

Comment se présente l’édition 2010 dans un contexte économique peu avenant ?
F. L. : Malgré l’ambiance générale de l’économie, le commerce des œuvres d’art se porte plutôt bien, hormis quelques réévaluations de prix. Nous avons eu plus de postulants que de places à la biennale. Donc je suis optimiste.
J. P. : Il ne faut pas trop s’occuper du contexte économique. L’expérience m’a montré qu’il y a toujours des liquidités pour les beaux objets. Notons que, si aujourd’hui la biennale fait venir beaucoup d’étrangers, la clientèle française est beaucoup plus réservée.
Qu’avez-vous organisé pour cette XXVe édition ?
F. L. : Nous avons créé un « Tremplin » pour ouvrir une porte à 25 jeunes galeristes et antiquaires qui présenteront chacun une œuvre de toutes les époques (à l’exception de l’art contemporain) dans un espace réservé. Ce premier contact est très désinhibant pour cette jeune génération de marchands. Parallèlement, nous initions cette année un programme de visites culturelles destinées à des clients privilégiés, avec cartes VIP, en partenariat avec des institutions franciliennes. Un peu comme ce qui se fait à la FIAC.

Comment expliquez-vous que le secteur de la haute joaillerie soit si important (7 exposants en sus des 80 antiquaires) ?
F. L. : Nous les avons regroupés dans un pôle « Luxe ». La haute joaillerie s’intègre bien à la dimension prestigieuse de la biennale.
J. P. : Les grands joailliers font venir leurs grands clients qui peuvent devenir les nôtres. Mais certains de mes confrères étaient réticents à leur présence, en pensant qu’entre l’achat d’un objet d’art et d’un bijou, un collectionneur cédera au désir de sa femme.

Que devient le Salon du collectionneur, en alternance avec la biennale ?
F. L. : Il est voué à disparaître, n’ayant pas donné les résultats souhaités. Il a été victime de la crise. Et il a hélas toujours donné l’impression d’être une sous-biennale, peut-être parce qu’il avait lieu au même endroit et qu’il reposait sur un noyau dur d’exposants de la biennale.
J. P. : Je me suis toujours opposé à ce que ce salon ait lieu au Grand Palais, à cause du risque de confusion avec la biennale. Aujourd’hui, je soutiens qu’il y a trop de salons. Et ce n’est pas la vocation du SNA que de devenir organisateur de salons.

XXVe BIENNALE DES ANTIQUAIRES, du 15 au 22 septembre 11h-20h, Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris, www.bdafrance.eu

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°327 du 11 juin 2010, avec le titre suivant : Entretien croisé : François Laffanour et Jacques Perrin, membres de la commission Biennale des antiquaires 2010

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