La nouvelle Tate Gallery

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1994 - 606 mots

Bankside accueillera l’art international du XXe siècle

Le lieu : sur la rive sud de la Tamise, en face de la City et de la cathédrale Saint Paul, dans le quartier de Southwark, à l’abandon mais en passe de devenir à la mode.

Le bâtiment : une centrale électrique de style Art déco, construite entre 1947 et 1963, et désaffectée depuis 1981. Il s’agit de la dernière œuvre importante de Sir Giles Gilbert Scott (1880-1960), architecte de la cathédrale anglicane de Liverpool, férocement défendue par le lobby des architectes, désormais largement représentés dans les instances de la Tate Gallery. Le propriétaire actuel de la centrale de Bankside est l’agence gouvernementale Nuclear Electric, très impopulaire auprès des écologistes, qui cherche à améliorer son image.

L’espace : 9 290 m2 au sol, et une hauteur de 26 m qui permettra de créer d’autres étages. Les sous-sols s’étendent sur 11 000 m2. Au total, un espace comparable à celui du Musée national Reine Sofia de Madrid.

Les transports : Le métro Southwark, sur la nouvelle ligne Jubilee, doit ouvrir en 1998. On envisage l’extension de la gare de Blackfriars vers le sud de la rivière.

L’architecte : reste à déterminer. Un concours international a été lancé fin mai 1994.
Le jury international donnera le nom du candidat retenu à la fin de l’automne.

Inauguration : en l’an 2000.

Le coût : 80 millions de livres (700 millions de francs).

Le maître d’œuvre : Stanhope Property plc, connu pour boucler les projets dans les délais et le budget impartis, y compris d’énormes projets comme celui de Broadgate, dans la City.

Le budget : pas un penny vaillant pour le moment, mais la Tate estime qu’elle pourrait obtenir 40 millions de livres, à raison de dix millions par an, de la Loterie nationale, et en particulier de son Millenium Fund qui cherche à soutenir de gros projets pour l’an 2000. Pour le reste, elle devra faire appel à des fonds publics et privés.

Les partisans : outre la popularité et le prestige dont jouissent en général les projets artistiques, la City, terrorisée à l’idée de perdre son statut de capitale financière européenne face à Francfort ou d’autres villes, a besoin d’avoir son Centre Pompidou ; d’où la présence de bon nombre de ses figures de proue à la conférence de presse de présentation du projet. Pour convaincre d’éventuels mécènes, le musée a commandé une étude sur les retombées économiques de la nouvelle Tate Gallery.

Les visiteurs : on estime qu’ils devraient être un million et demi au début, pour passer à deux millions en cinq ans. En 1993, la Tate Gallery a accueilli, à Londres et dans ses annexes de Liverpool et de Saint Ives (Cornouaille), deux millions et demi de visiteurs.

Les œuvres : Bankside accueillera l’art international du XXe siècle, depuis le fauvisme jusqu’à nos jours. Les œuvres de la Tate Gallery of British Art correspondant à cette période seront installées à Bankside. L’art anglais de la Renaissance jusqu’à nos jours, ainsi que le legs Turner resteront à Millbank.

Une extension nécessaire : au 31 mars 1994, les collections de la Tate Gallery se composaient de 4 121 tableaux, 1 300 sculptures, 3 495 œuvres sur papier, 38 000 œuvres sur papier du legs Turner, 9 441 gravures et 348 pièces diverses. Seules mille œuvres peuvent être exposées simultanément dans les locaux actuels de Londres, Liverpool et Saint Ives.

La position du gouvernement : dans la plus pure tradition de la politique culturelle publique, qui consiste à limiter autant que faire se peut les initiatives, le Department of National Heritage n’a aucune position officielle sur la question. À terme, il lui sera certainement demandé de financer le fonctionnement du nouveau musée.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°4 du 1 juin 1994, avec le titre suivant : La nouvelle Tate Gallery

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