Les ventes aux enchères dans le monde, résultats et commentaires

Des victoriens maussades

Londres

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1994 - 473 mots

Des ventes de peinture victorienne ont donné des résultats maussades chez Christie’s et Sotheby’s. Christie’s, l’été dernier, avait obtenu un chiffre de 5,8 millions de livres (50 millions de francs) avec des trésors comme Les roses d’Héliogabale, de Tadema. Le 3 juin, la même maison a réalisé un chiffre moitié moindre, malgré une enchère remarquable, celle de Master Hillary, the tracer, du peintre préraphaélite Hunt.

Londres - Les prix astronomiques atteints récemment par un nombre restreint d’artistes, Alma Tadema, Leighton, Tissot, Landseer, ont gonflé les chiffres d’affaires des ventes et donné une vision erronée du marché dans son ensemble. Le total de la vente du 3 juin s’est élevé à 2,1 millions de livres (18 millions de francs), soit 73 % en valeur. Parmi les lots, on ne comptait qu’une seule toile dépassant les cinq millions de francs, Master Hillary, the tracer, tableau remarquable de Holman Hunt. Les œuvres de ce peintre sont une rareté dans les salles. Rienzi, la dernière mise en vente, en 1973, était alors partie pour 48 000 livres, ce qui garantissait le succès de celle-ci. De plus, Master Hillary, troisième tableau de la trilogie de portraits des enfants du peintre, n’a jamais quitté la famille du peintre. On a pu l’admirer pour la dernière fois dans l’exposition Hunt de 1969, à Londres et Liverpool, l’une des premières à lancer le mouvement de réhabilitation des Préraphaélites. Estimée à 800 000-1 200 000 livres, la toile est partie pour 880 000 livres (7,6 millions de francs).

Langoureuse Odalisque
La toile qui a enregistré le deuxième prix le plus élevé était vendue par les exécuteurs testamentaires de Sir Michael Sobell, industriel et philanthrope britannique, qui proposent également chez Christie’s quantité de mobilier sans grand intérêt. L’Odalisque, de Lord Leighton, langoureuse jeune femme observant un cygne et dévoilant ce qu’il faut d’appas féminins, est partie à 220 000 livres (1,9 million de francs), pour une estimation de 200-300 000 livres.

Une semaine plus tard, la vente de Sotheby’s affichait des résultats très modestes avec un total de 1,2 million de livres (10,3 millions de francs), soit 56 % des lots, et 56 % en valeur. La Mégère apprivoisée, de Landseer, tableau sociologiquement intéressant, puisqu’il dépeint une jeune femme couchée près d’un cheval, référence semble-t-il aux prostituées de luxe qui circulaient à cheval à Hyde Park dans les années 1860, a fait le meilleur score : estimé à 100-150 000 livres, un acheteur privé l’a acquis pour 140 000 livres (1,2 million de francs).

1. Holman Hunt, Master Hillary – the tracer, 1887, huile sur toile, 122,2 x 66 cm, Christie’s Londres, 3 juin, (Estim. £ 800 000-1 200 000) vendu £ 880 000, 7 600 000 F

2. Frederic, Lord Leighton, Odalisque, 1862, 90,8 x 45,7 cm, Christie’s Londres, 3 juin, (Estim. £ 200-300 000) vendu £ 220 000, 1 900 000 F

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°5 du 1 juillet 1994, avec le titre suivant : Des victoriens maussades

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