Entretien croisé - Pierre Loos / Pierre Moos - président de Bruneaf / directeur de Parcours des mondes

Les arts premiers à Bruxelles et Paris

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 26 mai 2010 - 747 mots

Portés par un marché des arts premiers toujours aussi dynamique, Pierre Loos, président de Bruneaf à Bruxelles, et Pierre Moos, directeur de Parcours des mondes à Paris, reviennent sur l’évolution de leurs deux foires, dont les concepts sont très proches. Echanges.

Comment ont évolué Bruneaf (Brussels Non European Art Fair) et le Parcours des mondes depuis leur création ?
Pierre Loos : Bruneaf est née d’une idée lancée avec cinq amis marchands en 1983 autour d’un vernissage commun. D’année en année, nous avons grandi et nous nous sommes structurés sous la forme d’une association. En 1991, nous éditions notre premier catalogue avec dix-sept participants. Cinq ans plus tard, en ouvrant ce concept de parcours local belge aux galeries étrangères, nous avons acquis une envergure internationale.
Pierre Moos : Kaos-Parcours des mondes a été inauguré en 2002 par Rik Gadella, sur le modèle de Bruneaf. Lorsque ce dernier a voulu passer la main en 2007, plusieurs exposants sont venus me voir pour m’inciter à reprendre le Parcours de la même façon que j’avais relancé le magazine Art Tribal en 1999. En 2008, j’ai « boosté » la manifestation en créant un salon VIP et en développant un cycle d’expositions temporaires en partenariat avec l’hôtel de la Monnaie de Paris.

Quelles sont les conditions de participation  pour l’un et l’autre événement ?
P. L. : Pour postuler, il faut être un marchand patenté. La demande est étudiée par un comité interne de sélection, qui juge de l’authenticité et de la qualité des objets présentés. Cette année, sur trente-cinq nouvelles demandes, nous n’en avons accepté que dix.
P. M. : Nous tournons chaque année autour d’une soixantaine d’exposants, nombre que nous ne voulons pas dépasser, même si nous n’avons pas de numerus clausus. Pour 2010, nous présentons six nouveaux participants. Nous avons refusé dix-huit postulants. Pour que sa candidature soit acceptée, un marchand doit présenter deux lettres de recommandation venant d’exposants. Un comité de sélection juge ensuite la qualité des pièces proposées. Toute personne ayant effectué le Parcours dans une galerie pirate est exclue.

Existe-t-il un vetting [contrôle de qualité] ?
P. L. : Les objets reproduits au catalogue sont soumis à un vetting interne et externe. Tout nouvel exposant fait l’objet d’un contrôle en pré-ouverture de Bruneaf durant deux ans. De plus, chaque membre de Bruneaf signe une charte d’éthique sur l’authenticité de ses propres objets. Cette charte l’engage aussi, en cas de doute sur une œuvre exposée chez un confrère, à prévenir ce dernier.
P. M. : Pour les objets illustrés au catalogue, nous avons démocratisé le vetting : chaque participant peut donner un avis motivé sur la soixantaine de pièces présentée. Durant le Parcours, un comité externe effectue anonymement des contrôles et signale les objets litigieux. Un marchand qui refuse de retirer de tels objets n’est plus admis aux prochaines éditions.

Quels sont les petits plus ?
P. L. : Nous sommes à l’origine du concept, mais nous n’essayons pas d’entrer en compétition avec Paris. Nous pouvons nous prévaloir d’une très grande accortise, d’une qualité d’accueil chaleureux typiquement belge. De surcroît, chaque année pendant Bruneaf, nous enregistrons de nombreux achats de marchands français, à hauteur de 35 % de notre chiffre d’affaires, ce qui prouve la qualité de nos objets et de leur prix.
P. M. : La synergie avec le magazine Art Tribal a fait connaître le Parcours des Mondes partout dans le monde. Notre force repose sur la convivialité de l’événement et la sélectivité des exposants incluant la crème des marchands d’arts premiers.

À quoi vont ressembler les éditions 2010 ?
P. L. : Nous fêtons deux événements d’importance qui sont la publication du 20e catalogue de Bruneaf et le 50e anniversaire de l’indépendance du Congo, en partenariat avec le Palais des beaux-arts de Bruxelles et le Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren (Belgique). Les objets du Congo seront bien représentés dans les galeries.
P. M. : Nous célébrons le cinquantenaire des premières indépendances africaines, avec l’exposition « Les statues meurent aussi. Ode au grand art africain » à la Monnaie de Paris, articulée autour du court-métrage éponyme réalisé par Alain Resnais et Chris Marker en 1953. Seront réunies pour la première fois une sélection d’œuvres présentées dans ce film et conservées aujourd’hui dans les plus grands musées et collections privées. Nous avons noté un nombre record de quatorze expositions thématiques dans les galeries du Parcours.

« Bruneaf XX », du 9 au 13 juin, quartier du Grand-Sablon, Bruxelles, www.bruneaf.com (61 participants)

« Parcours des mondes », du 8 au 12 septembre, quartier Saint-Germain-des-Prés, Paris-6e, www.parcours-des-mondes.com (62 participants).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°326 du 28 mai 2010, avec le titre suivant : Entretien croisé - Pierre Loos / Pierre Moos - président de Bruneaf / directeur de Parcours des mondes

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