Les ventes aux enchères dans le monde

La Fondation Alberto Giacometti en marche

La vente à Paris a rapporté plus de 45 millions de francs qui serviront à payer les frais de succession

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1994 - 532 mots

Événement de la fin de la saison, la vente Giacometti, décidée par Me Dumas, l’exécuteur testamentaire de la veuve de l’artiste, a vu la dispersion de dix-huit œuvres. Peu après, la demande de création d’une fondation Giacometti a été déposée par Roland Dumas.

PARIS - La fondation Giacometti voulue par la veuve du sculpteur Alberto Giacometti, Annette, décédée en septembre 1993, serait-elle enfin en bonne voie ? L’exécuteur testamentaire d’Annette Giacometti, l’avocat et ancien ministre socialiste Roland Dumas, a récemment déposé un projet de fondation auprès du Bureau des associations et des fondations au ministère de l’Intérieur, nous indique-t-on de source officielle.

Dans son testament, Annette Giacometti exprimait le vœu de créer une fondation et de la doter, grâce à la loi de 1987 sur le mécénat, de toutes les œuvres laissées par son mari, dont elle était l’unique héritière. L’inventaire du millier de sculptures, dessins et tableaux ayant été terminé pendant l’été, Roland Dumas avait donc jusqu’au 19 septembre, jour anniversaire de la mort d’Annette Giacometti, pour déposer son projet de fondation. À défaut, les œuvres seraient allées aux frères de la veuve de l’artiste, qui habitent en Suisse.

Le projet d’une telle fondation n’est pas neuf : trois demandes de création avaient été déposées en 1988, 1990, et 1991, sous des gouvernements socialistes. Le ministère de l’Intérieur n’a jamais donné son aval, et Mary Lisa Palmer, ancienne secrétaire d’Annette Giacometti et directrice de l’association Giacometti fondée en 1989, n’a jamais connu la raison de ce refus. L’association a son siège dans un immeuble, acheté par Annette Giacometti dans la rue de Rohan, à Paris. Si la dernière demande aboutit, la Fondation Giacometti devra, pour abriter ses collections, chercher un quartier général plus approprié, la maison de la rue de Rohan étant beaucoup trop petite, estime Mary Lisa Palmer.

Des marchands actifs
Roland Dumas, qui n’a pas voulu confirmer ou infirmer avoir déposé le projet de fondation, s’est également refusé au moindre commentaire concernant la succession. Mary Lisa Palmer, en revanche, nous a indiqué que la vente publique du 11 juillet des quatorze sculptures et quatre tableaux de Giacometti, pris sur la succession d’Annette, a été décidée par l’ancien ministre. Roland Dumas avait informé Mary Lisa Palmer que la dispersion était nécessaire pour couvrir les frais de succession ainsi que les honoraires du commissaire-priseur, Me Jacques Tajan, qui a effectué l’inventaire des œuvres laissées par la veuve de l’artiste.

Cette vente, dirigée par le même Me Tajan à l’hôtel George V, a finalement totalisé 45 471 819 francs, frais inclus, contre une estimation globale de 30 à 40 millions de francs. Un seul lot, la sculpture Annette debout, fondue en 1982, n’a pas trouvé preneur le soir du 11.

Particulièrement actif pendant la soirée, le marchand new-yorkais Geoffrey Loria a emporté pour 5 255 760 francs l’huile sur toile de 1965 Caroline, tandis que le marchand d’origine libanaise Joseph Nahmad s’est offert pour 3 941 620 francs La cage de 1950, fondue en 1991, et Femme de Venise VII de 1956 fondue en 1979, pour 963 556 francs. Le marchand et conseil parisien Marc Blondeau a acheté le tableau Portrait de Pierre Josse, une huile sur toile, pour 1 642 425 francs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : La Fondation Alberto Giacometti en marche

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