Les ventes de la rentrée

La rentrée à Drouot

Paris

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1994 - 766 mots

Après une poignée de ventes en septembre, c’est en octobre que la véritable rentrée s’effectuera à Drouot. Extrêmement variées, les vacations comprendront, entre autres, deux dispersions de bibliothèque et une très importante collection Armand Rateau chez Me Tajan, de l’art islamique chez Me Boisgirard.

PARIS - Le commissaire-priseur Me Pierre Cornette de Saint-Cyr a choisi ses confrères Mes Christian de Quay et Francis Lombrail pour assurer la dispersion, les 17 et 18 octobre, de la collection de tableaux contemporains qu’il avait commencée au début des années soixante-dix, estimée maintenant entre 3 et 4 millions de francs. Éclectique, la vente comprendra quelque cent quarante lots, dont un nombre important d’œuvres sur papier des années soixante, par quatre-vingts artistes, d’Arman à Tony Cragg, en passant par Nam June Paik et Yoshimura.
 
L’artiste Art déco Armand Albert Rateau s’inspirait de l’art antique et l’art égyptien, et privilégiait le bronze lorsqu’il créait des intérieurs pour ses quelques très riches clients. Le 19 décembre, à l’hôtel George V, Me Tajan dispersera vingt meubles et accessoires de Rateau, qui seront exposés du 31 octobre au 3 novembre au service culturel de l’ambassade de France à New York. Toutes de la même collection privée, elle-même provenant de la famille de l’artiste, les pièces comprendront une commode en bois laqué or à trois tiroirs, estimée entre 2 et 2,5 millions de francs, dont le seul autre exemplaire connu, fabriqué pour Jeanne Lanvin, se trouve au Musée des arts décoratifs. Figureront également dans la vente une paire de jardinières en bronze doré à décor de fleurs et entrelacs, estimée entre 1 et 1,2 million de francs, et un guéridon en forme d’amphore estimée entre 800 000 et 1 000 000 francs.

Une lampe sépulcrale
Deux œuvres de Rateau, un lustre de forme corbeille, decoré de très nombreuses perles transparentes, fleurs et pendeloques en verre, ainsi qu’une table à large plateau circulaire en bois pétrifié, figureront dans la vente d’Art nouveau et d’Art déco organisée le 1e décembre à Drouot-Montaigne par l’Étude Millon & Robert. Le lendemain, les mêmes commissaires-priseurs tiendront une vente de tableaux modernes et de sculptures, parmi lesquelles Le Dieu envolé, un bronze signé de Camille Claudel, estimé entre 700 000 et 1 000 000 francs.

Une très belle lampe sépulcrale en verre émaillé, au nom de l’émir mamelouk Argun Al-Nasiri (1280-1331), estimée entre 700 000 et 1 000 000 francs, provenant de l’ancienne collection Julien Chappée, sera la pièce vedette de la vente d’art islamique organisée le 7 octobre par Me Claude Boisgirard, assisté de l’expert Annie Kevorkian. La vente comprendra des objets ottomans, des armes et armures, des textiles coptes, fatimides et safavides, des bronzes seldjoukides ainsi que des cuivres mamelouks.

Deux commissaires-priseurs consacreront cet automne des ventes aux talents de René Lalique. Me Coutau-Bégarie, le 20 octobre, mettra sous le marteau à Drouot-Montaigne des dessins réalisés par le célèbre maître-verrier pour l’élaboration de bijoux et d’accessoires de mode. Le 21 octobre, Me Boisgirard vendra un ensemble de bijoux, de vases en verre de couleur, (dont une cire perdue, Trois Amours formant pieds, de 1921, estimée 250 000 francs), de luminaires, bagues, et de flacons à parfum.

"Le grand goût d’avant-guerre"
Le 28 octobre, Me Tajan mettra en vente une remarquable collection de soixante dessins provenant d’une collection belge constituée à la fin des années trente. Il s’agit, pour la plupart, de paysages des écoles hollandaises et flamandes, estimés entre 10 000 et 250 000 francs, et "typiques du grand goût d’avant-guerre", selon l’expert Bruno de Bayser. Tous ces dessins ont été achetés lors de la dispersion des collections Oppenheimer et Mensing en 1936 et 1937, et n’ont pas réapparu sur le marché depuis.

La bibliothèque Claude Benedick, qui sera mise aux enchères les 17 et 18 octobre par Me Tajan, comprend des livres anciens d’auteurs français des XVIIIe et XIXe siècles, ainsi que des éditions originales du XXe siècle. Les autographes que dispersera Me Tajan le 19 octobre comprendront des noms du monde de la littérature, des arts, de la musique et de l’histoire. Avocat et écrivain, Charles Filippi a collectionné pendant quarante ans des livres de la Renaissance au XIXe siècle, consacrés à l’Italie et au bassin méditerranéen. Sa bibliothèque, qui sera vendue le 21 octobre à l’hôtel George V par Me Tajan, comprend des manuscrits italiens de la fin XIVe et XVe siècle, de nombreux livres du XVIe au XVIIIe siècle sur la ville de Rome et le Proche-Orient.

Le 22 novembre, toujours chez Me Tajan, sera dispersé un ensemble de tableaux des peintres du Midi de 1850 à 1930, dont Chabaud, Camoin, Guigou, Manguin et Verdilhan.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : La rentrée à Drouot

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