Un tour des galeries

Paris : Hommage à Donald Judd et Edward Keinholz

Par Alain Cueff · Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1994 - 723 mots

Le plus débonnaire des artistes Pop, Tom Wesselmann, expose du 28 septembre au 16 décembre, à la galerie Didier Imbert (19, avenue Matignon), ses œuvres récentes.

L’ironie est toujours au rendez-vous avec cet artiste qui semble revendiquer pour la peinture la possibilité d’emprunter tous les habits que la modernité lui a taillés Gérard Gasiorovski, lui, était faussement sérieux, ce qui donnait à son entreprise de réhabilitation de la peinture une portée singulière. On verra à la galerie Maeght (12, rue Saint-Merri, à partir du 15 septembre) un choix de ses œuvres. Hervé Télémaque exploita habilement, dans les années soixante, les canons de l’art populaire réadaptés par les Américains avec une poésie qui lui était propre. Sous le titre de "Fusain et marc de café - Deuil : le dessin, l’objet", on verra à la galerie Louis Carré (10, avenue de Messine, du 8 septembre au 22 octobre) les dernières étapes dans le travail du deuil de la réalité. Ancien coéquipier du groupe Equipo Cronica qu’il a abandonné voici plus de dix ans, Manolo Valdes présente pour la première fois en France, à la galerie Marwan Hoss (12, rue d’Alger, en septembre et octobre, et à la Fiac), les fruits de son indépendance retrouvée.

On reverra à la galerie Ghislaine Hussenot (5 bis, rue des Haudriettes, du 10 septembre au 29 octobre) les élégantes, quoique désuètes compositions de Ross Bleckner, dont le succès ne s’est curieusement pas démenti depuis quelques années. La peinture reste à l’ordre du jour pour la centième exposition, depuis 1983, qui se tiendra du 15 septembre au 22 octobre à la galerie Barbier-Beltz (7, rue Pecquay). Le thème de la vanité sera commun à six peintres : Pincemin, Dufour, Hissard, Macréau et Deparis, qui, n’en doutons pas, sauront dénoncer quelques travers de ce monde. Mimo Paladino fit partie de feu la trans-avant-garde mais en a conservé l’insoutenable légèreté décorative. Ses derniers panneaux seront visibles à la galerie Daniel Templon (30, rue Beaubourg, du 10 septembre au 8 octobre).

C’est par une approche conceptuelle que Bruno Yvonnet s’emploie à peindre. La série "Et in Arcadia ego (détails)", que l’on verra à la galerie Nelson (40, rue Quincampoix, du 10 septembre au 15 octobre), fait appel à l’imagerie de la presse quotidienne qui est ensuite transférée sur placoplâtre.

Changement de registre avec Donald Judd et Edward Keinholz, tous deux récemment disparus et auxquels la galerie Lelong (13, rue de Téhéran) rend hommage du 8 septembre au 20 octobre. Si l’on ne peut imaginer deux artistes plus éloignés l’un de l’autre, ils partageaient cependant une même volonté farouche d’indépendance. Avec une série de dessins et trois architectures d’extérieur, James Turrel occupera la galerie Froment & Putman (33, rue Charlot, du 29 septembre au 19 novembre).

Toni Grand, qui représentera cette année la France à la Biennale de Sao Paulo dévoilera à la galerie de Paris (6, rue du Pont-de-Lodi, du 8 septembre au 8 octobre) ses sculptures organiques toujours plus inquiétantes. L’Américain Chris Burden, pour lequel la violence est une composante essentielle de l’œuvre, présentera ses nouveaux dispositifs à la galerie Anne de Villepoix (11, rue des Tournelles, du 10 septembre au 29 octobre). On verra des dessins d’un autre Américain, Robert Gober, à la galerie Samia Saouma (16, rue des Coutures-Saint-Gervais, du 10 septembre au 29 octobre).

Les ronds de lumière que Michel Verjux présentera la galerie Durand-Dessert (28, rue de Lappe, du 10 septembre au 29 octobre) illuminent plus souvent les sols ou les murs que les cieux, mais c’est sans doute par hasard. Joachim Mogarra, lui aussi, a commencé avec modestie, n’hésitant pas plus à affronter la médiocrité, mais avec un sens de la dérision qui le sauve. Ayant quitté l’univers de sa cuisine pour "traverser le temps, affalé sur son canapé", il propose à la galerie Georges-Philippe Vallois (38, rue de Seine, du 15 septembre au 29 octobre) d’impitoyables photographies. Pour Yvan Salomone, également, tout semble permis et tout est possible.

La galerie Praz-Delavallade (10, rue Saint-Sabin, du 10 septembre au 15 octobre) montrera ses derniers travaux. Chantal Melia et François Loriot travaillent ensemble à de vastes installations dans lesquelles les lois de l’optique sont redoutablement mises à contribution. Les leurres se multiplient au gré des projections dans la galerie Jacqueline Moussion (110, rue Vieille-du-Temple, du 1er septembre au 22 octobre) qui sera, pour l’occasion, plongée dans la pénombre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : Paris : Hommage à Donald Judd et Edward Keinholz

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