Sélection des ventes de la quinzaine

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 12 mai 2010 - 958 mots

DESIGN GALLERY MILANO VENTE DU 19 MAI À DROUOT, PARIS SVV CAMARD & ASSOCIÉS
Pour fêter les vingt ans de la création de la Design Gallery Milano, ses fondateurs Mario et Brunella Godani, qui furent également à l’origine du groupe Memphis créé en 1980 avec Ettore Sottsass, ont confié à la maison Camard une centaine de pièces de mobilier, luminaires, objets d’art et prototypes, à des prix très attractifs. Depuis sa création, la Design Gallery Milano édite des œuvres en séries limitées de designers contemporains. Ce sont « chaque fois de nouvelles petites histoires », résume Mario Godani. Andrea Branzi est très présent dans cette vente qui démarre avec une série de ses vases sculptures en terre cuite vernissée anthracite issus de la collection Uomini e Fiori (2006), estimés 1 500 à 2 000 euros chacun.

Toujours de Branzi, on notera Grande Piatto et Grande Arco de la collection Amnesie (1991), deux meubles sculptures estimés 20 000 euros chacun ; une bibliothèque Pierced Bookcase (2006), estimée 12 000 euros ; ou encore Libreria WL07 (1996), meuble étagère à onze lampes en papier japon froissé, estimé 8 000 euros (ill. ci-contre). Sottsass est l’autre star de la vente avec un meuble de rangement à deux corps, Mobile Altro Destino (1992), estimé 22 000 euros ; Acropoli (1988), une importante console éclairante comportant sur son plateau des éléments décoratifs fixes et mobiles comme une lampe surmontée d’un dôme en résine laqué or, estimée 16 000 euros ; ou encore Adesso Pero (1992), bibliothèque à trois colonnes laquées rouge à découpes en dents de scie, estimée 14 000 euros. Signalons des vases et luminaires de Johanna Grawunder (est. 1 000 à 3 000 euros) ainsi que des vases en laque de couleur de Nathalie Jean incluant des prototypes (est. 1 000 euros chaque pièce).

Expert : Jean-Marcel Camard
Estimation : 400 000 euros
Nombre de lots : 117


LE TEMPS DES VANITÉS DU XVIE SIÈCLE À NOS JOURS VENTE DU 28 MAI À DROUOT, PARIS SVV DELORME & COLLIN DU BOCAGE
Actuellement à l’honneur au Musée Maillol avant de l’être à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, à Paris, les vanités se sont cristallisées autour d’une vente thématique à Drouot. Sont présentés des crânes de différentes époques et matières (marbre, terre cuite, bois, albâtre, bronze, porcelaine…), dont un très beau spécimen italien du XVIIIe siècle, en marbre de portor, estimé 6 000 euros (ill. ci-contre). Si le culte du crâne est déjà pratiqué au néolithique, les Grecs sont les premiers à figurer le squelette évoquant la brièveté de la vie. À la fin du Moyen Âge, la Grande peste et la guerre de Cent Ans font rejaillir la mort dans le champ de l’art.

Le lot le plus ancien de la vente est une enluminure double face sur parchemin, travail français de la fin du XVe siècle, figurant les quatre tempéraments (la colère, la mort, la mélancolie et la joie) sur une face (est. 500 euros). Le spectre de la mort apparaît, par exemple, dans un bâton de peste vénitien en bois peint de la fin du XVIIe siècle (est. 6 000 euros). Les amateurs apprécieront une série de peintures anciennes. Les bijoux aux effigies de tête de mort forment un autre chapitre de cette vacation, notamment des bracelets, bagues, sautoirs et pendants d’oreille signés du Vénitien Attilio Codognato. Enfin, soulignons la richesse de la production contemporaine sur ce thème, entre autres à travers les photographies en noir et blanc signées Jean-Christophe Ballot (est. 1 300 euros à 2 500 euros le tirage) et les crânes de Christian Maas (est. 1 000 euros), Philippe Pasqua (est. 10 000 euros) ou Antoine Leperlier (est. 12 000 euros).

Experts : René Millet (tableaux anciens), Christian Vion (bijoux), Aurélie Maurice (art contemporain), Arnaud Thomasson (cannes) et Vincent L’Herrou (céramique)
Estimation : 400 000 euros
Nombre de lots : 280


PROJET MINIMAL VENTE DU 31 MAI, PARIS ARTCURIAL
Bâtie avec patience et cohérence en une vingtaine d’années, une collection européenne d’art minimal et conceptuel est présentée aux enchères chez Artcurial sous le nom de code Projet minimal. Elle constitue un beau panorama des propositions minimalistes et rassemble les plus grands noms du genre, à commencer par Carl Andre et ses agencements de formes simples puisées dans la nature et retraitées industriellement. Estimée 100 000 euros, Belgica Blue Field (1989) (ill. ci-contre) se compose de cinquante cubes de pierres identiques disposés à intervalles réguliers, selon un schéma géométrique et dépourvu de hiérarchie.

« Ce refus de la hauteur et de l’illusionnisme spatial, cette reconnaissance du sol comme une zone d’existence, constituent sans nul doute la contribution la plus fondamentale de Carl Andre à l’histoire de l’art », commente l’historienne d’art Agnès Lepicard. Avec Dan Flavin et ses néons assemblés, est mise en exergue la recherche sur la lumière. Sont explorées les infinies variations que permettent le nombre, la couleur, les dimensions des tubes et leur disposition pour travailler sur la perception de l’espace. Sans titre (Fondly to Margot) (1986), néons jaunes et roses fluorescents, a participé à de nombreuses expositions à Tokyo, Osaka, Los Angeles et New York (est. 120 000 euros).

C’est l’une des rares pièces de Flavin pouvant être installée debout contre un mur, ou allongée au sol. Hollywood Lawn (1989), huile sur papier de Richard Serra entièrement saturée de couleur noire, s’inscrit dans la tradition de la peinture monochrome (est. 120 000 euros). Mais son format monumental l’apparente davantage à la fresque qu’au dessin. Son titre évoque le goudron envahissant les rues d’Hollywood. Citons encore l’œuvre Sans titre (1964) d’Agnes Martin, au lavis d’encre et encre blanche sur papier (est. 200 000 euros), où le motif unique de l’artiste – la grille –, épouse le minimalisme le plus aride.

Expert : Martin Guesnet
Estimation : 1 million d’euros
Nombre de lots : 32

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°325 du 14 mai 2010, avec le titre suivant : Sélection des ventes de la quinzaine

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