Focus - Germaine Richier

« La Mante », grand modèle

Vente le 19 mai à Drouot SVV Daguerre.

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 12 mai 2010 - 455 mots

Issue d’une succession, une importante sculpture de Germaine Richier (1904-1959), La Mante (grand modèle), sera présentée le 19 mai à Drouot.

« Profondément son œuvre dépend de l’intimité que, depuis son enfance provençale, elle entretient avec les plantes et les insectes, de la fascination que, toujours, exerceront sur elle les manifestations des puissances naturelles. Sa manière d’exprimer en sculpture cette animalité, la pulsion des forces sauvages, le pouvoir de régénération qu’elle leur accorde, seront regardés après la guerre comme indissociables des questions qui pèsent alors sur l’homme, le font s’interroger sur sa situation dans l’univers, sur ce qui, après le cataclysme, le constitue encore dans son humanité », écrit Jacques Beauffet dans le catalogue de l’exposition « L’écriture griffée » au Musée d’art moderne de Saint-Étienne (Loire) en 1990-1991.

Pour Cécile Ritzenthaler, l’expert de la vente, « la mante religieuse est peut-être, de tous les insectes, la plus appropriée pour s’intégrer au monde des hybrides de Germaine Richier. Sa posture habituellement verticale lui confère naturellement un caractère humanoïde qui n’a pas manqué de frapper les imaginations, et que Richier exagère à peine dans la version qu’elle en donne ».

Tirés au plus à douze exemplaires, les grands bronzes de l’artiste apparaissent rarement sur le marché international. La Mante n’a pas été vue depuis vingt-cinq ans : une autre épreuve de la sculpture s’était vendue 210 500 livres sterling (270 000 euros) le 1er décembre 1994 à Londres chez Christie’s. L’exemplaire présent, doué d’une très belle patine, est estimé 300 000 euros minimum, soit un prix solide.

Le marché des sculptures de Richier reste assez difficile en raison d’un œuvre court, d’un public confidentiel d’amateurs et de l’absence de galerie pour soutenir l’artiste. Mais un tirage de La Mante (un moyen modèle de 69 cm), adjugé 127 650 livres sterling (202 000 euros) le 22 octobre 2002 à Londres chez Sotheby’s, témoigne du succès du sujet. Notons aussi qu’un prix record pour Richier a été atteint le 11 novembre 2009 à New York chez Sotheby’s avec La Feuille (1948), envolée à 842 500 dollars (557 000 euros).

Ce grand bronze représentant une femme debout avait une allure « giacomettesque ». La hausse phénoménale des prix en vente publique pour les bronzes de son contemporain Alberto Giacometti, couronnée par l’enchère record de 65 millions de livres sterling (74,2 millions d’euros) du 3 février dernier à Londres chez Sotheby’s pour L’Homme qui marche I (1961), tire vers le haut les espérances pour Richier.

GERMAINE RICHIER

Titre : La Mante

Date de conception : 1946

Date de fonte : vers 1952

Fondeur : Susse, Paris

Technique : bronze à patine noire nuancée

Hauteur : 120 cm (hors socle)

Expert : Cécile Ritzenthaler

Estimation : 300 000 à 350 000 euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°325 du 14 mai 2010, avec le titre suivant : « La Mante », grand modèle

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