Le Musée des beaux-arts de Rouen

Le choc des Cathédrales

Seize des trente toiles de Monet enfin réunies

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1994 - 381 mots

Inaugurant le nouvel espace des expositions temporaires du Musée des beaux-arts de Rouen, seize des trente Cathédrales de Monet s’affichent jusqu’au 14 novembre. Impression saisissante et effet garanti.

ROUEN - C’est dans la cour intérieure nord du musée, lieu désormais dévolu aux manifestations temporaires, qu’est réunie, pour la première fois depuis cent ans, une partie aussi importante de la célèbre série de Claude Monet.

Exécuté entre 1892 et 1894 à Rouen et dans son atelier de Giverny, cet ensemble fait date dans l’histoire de la peinture. Célébré à sa présentation en 1895 chez Durand-Ruel, il n’a cessé depuis lors d’être une référence pour les artistes, inspirant tour à tour Sisley, Matisse, Marquet, Delaunay, et jusqu’à Lichtenstein dans les années soixante. Véritable tour de force, la réunion de ces toiles dispersées dans le monde entier constitue un incroyable choc visuel.

Une Vue générale de Rouen accueille le visiteur, ainsi qu’une sélection d’une douzaine de dessins du monument, issus des carnets Marmottan, intéressants dans la mesure où ils montrent les essais de cadrage, les angles de vision et les études de masses que Monet utilisera ou délaissera par la suite.

On pénètre ensuite dans le lieu proprement dit, le cénacle où attendent, toutes vibrantes de lumière et de couleur, les somptueuses Cathédrales. On comprend mieux alors le sentiment de Clémenceau qui, critique d’art d’un jour, s’indigna: "Comment ! Il ne s’est pas trouvé un millionnaire pour comprendre, même vaguement, le sens de ces vingt cathédrales juxtaposées et dire : j’achète le paquet".

Bleue, brune, grise, dorée, rose, irisée, irradiée de lumière crue ou noyée de brouillard, la façade occidentale se décline comme autant de prismes changeants, par lesquels l’œil est sans cesse surpris, séduit, et finalement berné par l’illusion de la matière.

Et l’esprit est, lui, si fortement marqué, que l’on conservera longtemps le souvenir de cette image diverse qui faisait dire à Clémenceau – encore : "... Et voilà que cette cathédrale aux multiples aspects, je l’ai emportée avec moi, sans savoir comment. Je ne puis m’en débarrasser. Elle m’obsède."

\"Rouen, Les Cathédrales de Monet\"

Rouen, Musée des beaux-arts, jusqu’au 14 novembre 1994 ; prix d’entrée : 40 F. Commissaires de l’exposition : François Bergot, Gilles Grandjean, Michel Hoog, Sylvie Patin, Joachim Pissarro. Catalogue : édition Ville de Rouen, 105 p., 120 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : Le choc des Cathédrales

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