Prague

Bataille autour du futur Musée d’art moderne

La Galerie nationale perd son directeur

Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1994 - 490 mots

La lutte engagée entre les responsables de la Galerie nationale et du futur Musée d’art moderne se résout par la démission du directeur général.

PRAGUE - Depuis sa nomination en février 1993, Ladislav Daniel, directeur général de la Galerie nationale de Prague, était en désaccord avec Jiri Sevcik, directeur du futur Musée d’art moderne, projet ambitieux mais inachevé à ce jour. En juillet dernier, Ladislav Daniel licenciait Jiri Sevcik qui se montrait, selon lui, incapable de travailler en équipe.

L’intéressé soutenait, pour sa part, que ce licenciement était lié à une controverse sur la répartition des collections : Ladislav Daniel souhaitait que seules les toiles modernes peintes après 1900 soient intégrées dans le nouveau musée, et lui-même s’opposait à ce que la collection d’art moderne français du musée soit ainsi éclatée entre deux musées.

Les collègues de Jiri Sevcik ont fait le siège du ministère de la Culture, obtenu sa réintégration, et réclamé la démission de Ladislav Daniel. Le 17 août, le ministre de la Culture tchèque, Pavel Tigrid, a effectivement notifié sa destitution à Ladislav Daniel, et annoncé que la direction de la Galerie nationale serait réorganisée. "Nous repartons à zéro", a-t-il déclaré.

Jiri Sevcik triomphe grâce à son engagement en faveur de l’art tchèque contemporain, disent ses partisans. Pour ses détracteurs, il n’est pas aussi neutre qu’il souhaiterait qu’on le pense : il favorise un groupe de jeunes artistes, lié à une galerie privée de Prague, la MXM. Jiri Sevcik répond à ses accusateurs : "On prétend que je suis trop proche de MXM. J’ai assisté à sa création à la fin des années 1980. Mais MXM ne peut espérer un succès commercial, elle sert de forum à l’avant-garde et fait partie de la vie culturelle.

À l’avenir, ce secteur privé sera plus indépendant, mais à l’heure actuelle il a besoin d’être soutenu, car il alimente un courant d’idées."

L’inauguration du Musée d’art moderne a été repoussée en avril 1995. Jiri Sevcik précise : "Nous n’avons pas assez d’argent, et il nous faudra trouver 2 000 m2 de murs supplémentaires." Le coût annuel du fonctionnement, estimé entre 7,5 et 9 millions de francs, devrait être couvert par des mécènes et par la location d’une partie de l’immeuble à des fins commerciales. Pour le moment, rien n’est venu.

Jiri Sevcik se plaint aussi de manquer des fonds nécessaires pour pouvoir acquérir des œuvres : "Il nous faut combler les manques des collections, et nous ne pouvons le faire qu’en empruntant à des studios d’artistes et en nous engageant à les acheter plus tard."

Quant à Ladislav Daniel, il vient d’être nommé conservateur des collections italiennes des XVIIe et XVIIIe siècles. Qui va le remplacer à la direction générale du musée ? On parle sérieusement de Jiri Sevcik, qui avait démissionné du comité d’administration – comme nombre de ses membres – lors d’une précédente bataille qui avait amené la nomination de Ladislav Daniel. Le remplacera-t-il à la direction générale ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : Bataille autour du futur Musée d’art moderne

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