Foire d’art contemporain

Un nuage dans le ciel d’Art Brussels

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 28 avril 2010 - 507 mots

Malgré un sursaut qualitatif, la foire Art Brussels a généré des résultats mitigés. Quelques marchands et des collectionneurs ont dû renoncer à leur voyage à Bruxelles.

BRUXELLES - Un nuage envahit les rues, sans que l’on puisse en déterminer l’origine, cultivant paranoïa et rumeurs. Cette vidéo de 2003 de Laurent Grasso présentée par Chez Valentin (Paris) sur Art Brussels était circonstanciée. Car c’est un autre nuage, noir et volcanique, qui a joué les trouble-fête sur la foire bruxelloise, organisée du 23 au 26 avril. Sept marchands, parmi lesquels Miguel Abreu (New York) et Chelouche (Tel Aviv), ont dû annuler leur participation, faute de trouver un vol ou un acheminement pour leurs pièces. Lors du vernissage, la galerie Faría Fábregas (Caracas) attendait encore un conteneur d’œuvres.

Un petit convoi de collectionneurs américains qui avait prévu de faire le voyage a déclaré forfait, tout comme d’autres acheteurs qui redoutaient d’être coincés dans les transports. En revanche, la chute du gouvernement belge menée Yves Leterme n’a pas eu d’incidence sur la bonne humeur locale.

Malgré une bonne tenue générale et une réelle internationalisation, la foire ne présentait rien de fracassant ou de téméraire. C’est moins du côté des jeunes que des créateurs établis et des revivals qu’on pouvait relever quelques bonnes surprises.

Faría Fábregas offrait un panel intéressant de conceptuels sud-américains méconnus, tandis que Wentrup (Berlin) remettait en selle un « artiste d’artiste », Tim Ulrichs. L’exposition monographique de Michel François chez Hufkens (Bruxelles) a sans doute été l’une des propositions les plus remarquables de tout le salon. Sans surprise, un musée néerlandais a jeté son dévolu sur l’une des œuvres présentées.

Transactions dilatées
Les affaires furent comme toujours mitigées. La galerie Sorry We’re Closed (Bruxelles) a fait un tabac en vendant plusieurs petites sculptures entre 300 et 60 000 euros ainsi que l’ensemble des peintures de Jansson Stegner. Michel Rein (Paris) a lui aussi rapidement cédé un Labour de Didier Marcel à un amateur belge, ainsi que deux peintures d’Armand Jalut à une collection américaine. Pierre et Marianne Nahon ont emporté une sculpture de Joana Vasconcelos chez Nathalie Obadia (Paris), tandis que Florence et Daniel Guerlain ont jeté leur dévolu sur des dessins de Marc Dion chez In situ (Paris) et de Jim Shaw chez Praz-Delavallade (Paris).

Mais globalement, le commerce est resté calme. « Ce n’est pas une foire facile », admettait Laurent Godin (Paris). « On n’a vendu qu’à des Français que l’on connaissait, mais en même temps, si nous n’avions pas été là, nous n’aurions pas vendu ! », remarquait pour sa part Bruno Delavallade. Certains marchands se sont désormais adaptés à la dilatation des transactions. « On ne juge jamais de la réussite d’une foire avant les six mois suivant l’événement. C’est un travail de longue haleine », constatait Glenn McMillan de CRG Gallery (New York). Sans doute a-t-il raison.

La galerie Françoise Paviot (Paris) a ainsi finalisé le jour du vernissage la vente d’une photo de Barbara Steinman, qu’une collectionneuse belge avait remarquée deux ans auparavant sur Art Brussels. Vous avez dit longue haleine ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°324 du 30 avril 2010, avec le titre suivant : Un nuage dans le ciel d’Art Brussels

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