Corée du Sud

Des alliés puissants

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 28 avril 2010 - 549 mots

D’autres Français parient sur le pays du Matin-Calme.

SÉOUL - Le focus actuel sur la Chine (lire ci-dessus) tend à éclipser un dragon industriel asiatique majeur, la Corée du Sud. Ce pays qui, en soixante ans, a connu un développement phénoménal au point de rafler aux Français un contrat de 20 milliards d’euros pour la construction de réacteurs nucléaires à Abou Dhabi (Émirats arabes unis), ne possède pas seulement des industries de pointe. Il jouit aussi d’un marché de l’art extrêmement fort grâce à quelques galeries puissantes, comme Arario, Gana Art et Kukje. Même si ces dernières ont ouvert des antennes à New York, elles ne négligent pas l’axe hexagonal.

Fondée en 1983, Kukje a conclu un partenariat avec quelques professionnels français, comme le spécialiste de l’Art déco et du design Jean-Marcel Camard ou le galeriste Emmanuel Perrotin. Elle exposera ainsi en mai Jean-Michel Othoniel et Xavier Veilhan, deux des cinq artistes best-sellers de Perrotin. En contrepartie, celui-ci accueille dans ses murs l’artiste Yeondoo Jung. Selon Tina Kim, fille de Hyun-Sook Lee, fondatrice de la galerie, leur enseigne peut faciliter le développement de projets publics pour ces artistes et leur entrée dans les collections muséales locales. « Le marché de l’art en Corée est sain. Nos clients sont des industriels, et leur business, que ce soit la fabrication de bateaux ou la téléphonie, marche très bien en ce moment.

Les collectionneurs coréens ont aussi un goût plus affirmé et sophistiqué que les Chinois car ils ont commencé à acheter dans le milieu des années 1980 », indique-t-elle. D’après Emmanuel Perrotin, exposer chez Kukje, « c’est aller directement chez l’équivalent de Larry Gagosian, Paula Cooper et Pace réunis ». Le galeriste compte d’ailleurs explorer davantage ce marché depuis l’installation à Séoul de l’une de ses directrices, Etsuko Nakajima. Mais, comme il est impossible de toucher en direct des collectionneurs coréens, les marchands étrangers sont obligés de passer par l’intermédiaire des galeries locales, d’où la force de ces dernières.

Le design en poupe
La galerie Kukje a devancé une autre ambition coréenne : devenir le centre asiatique pour le design. Après avoir montré Charlotte Perriand, Serge Mouille et George Nakashima, elle exposera en juillet de l’Art déco en partenariat avec la galerie DeLorenzo à New York et Jean-Marcel Camard à Paris. D’ici à un an et demi, elle ouvrira un troisième espace dédié à cette spécialité. Conseiller de la maison d’édition EZ Services à Singapour, Jean-Marcel Camard entend aussi exporter chez Kukje en 2011 une exposition des dernières éditions du designer Karim Rashid. « Je pense que les échanges vont se faire de plus en plus en Asie. La Corée va devenir ce qu’était le Japon dans les années 1980 », confie Jean-Marcel Camard. Ce n’est pas un hasard si la foire Design Miami a annoncé l’an dernier le lancement d’une bouture à Séoul en mars 2012.

D’autres Français ont compris l’importance de la Corée. La galerie RX (Paris), qui réalise près de 20 % de son chiffre d’affaires avec ce pays, va ainsi produire une sculpture monumentale de Marc Couturier qui sera installée devant le futur musée d’art contemporain de Daegu. « L’avantage avec la Corée, c’est que lorsqu’on a les bons contacts on fait de très grosses transactions car les galeries préachètent », souffle Éric Dereumaux, codirecteur de la galerie.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°324 du 30 avril 2010, avec le titre suivant : Des alliés puissants

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