Jean-Paul Cluzel en médiateur

Le Grand Palais, la RMN et les musées

Le rapport du président de la RMN, qui sera arbitré en juin, pourrait se révéler décisif pour les petits musées nationaux

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 27 avril 2010 - 790 mots

Le rapport sur le devenir commun du Grand Palais et de la Réunion des musées nationaux (RMN) remis par le président des deux institutions, Jean-Paul Cluzel, évalue à 236 millions d’euros le coût des travaux à effectuer au Grand Palais. Il préconise un rattachement des musées dits « services à compétence nationale » à la RMN, tout en leur assurant une plus grande autonomie.

PARIS -  Malgré une contrariété non dissimulée, une fuite ayant entraîné la publication de son rapport par le quotidien Libération quelques jours avant sa présentation officielle par le ministre de la Culture, Jean-Paul Cluzel ne semble pas douter de la concrétisation de ses préconisations. Et pour cause : il peut en effet se targuer d’avoir été investi de cette réflexion sur l’avenir du Grand Palais et de la Réunion des musées nationaux (RMN), en novembre 2009, par le président de la République.
 
En cinq mois, Jean-Paul Cluzel a produit un important travail qui ne se contente pas de chiffrer la dépense nécessaire à la réhabilitation du Grand Palais à 236 millions d’euros (HT). Il propose aussi un nouveau dessein pour la RMN et les petits musées nationaux, dits « SCN » (service à compétence nationale), dont le ministère de la Culture semble ne plus savoir que faire dans le cadre de sa réforme.

L’importance des travaux à mener sur le site du Grand Palais est un point que plus personne ne conteste. Si le monument doit rester ouvert au public et abriter des manifestations, il faut continuer à investir afin de rénover cette structure qui n’avait pas été conçue pour être pérennisée. La note sera donc salée. Ainsi, pour le seul clos et couvert du Palais de la découverte, que Jean-Paul Cluzel exhorte à maintenir in situ, il faudrait dépenser plus de 70 millions d’euros. Alors, quitte à rénover, autant conduire un réel projet architectural pour le site.

Le rapport recommande ainsi de recréer une fluidité au sein du bâtiment en rétablissant des circulations entre les différentes composantes, ainsi entre les galeries nationales et la nef. D’importants travaux de régulation thermique pourraient aussi permettre d’ouvrir la nef toute l’année. La nouveauté du travail réside dans la modélisation financière selon laquelle, grâce à un emprunt sur trente ans, le coût des travaux pourrait, à terme, être autofinancé jusqu’à 50 %. « Une hypothèse financière prudente », avance le rapporteur, qui limiterait la part incombant à l’État à 120 millions d’euros, argument non négligeable en ces temps de disette budgétaire. Un litige avec la Ville de Paris, qui réclame 23,5 millions d’euros à l’État pour le terrain dont elle revendique la propriété, risque toutefois d’alourdir la facture.

Arbitrage ministériel
Mais pour que ces prévisions comptables se confirment, le paquebot a besoin de s’appuyer sur un opérateur récemment remis à flot, la RMN. La mission était claire sur ce point, les deux EPIC (établissement public industriel et commercial) vont désormais fusionner. Alors que la Cour des comptes et la révision générale des politiques publiques se sont intéressées au cas de la RMN, Cluzel propose une alternative pour les musées SCN – c’est-à-dire ceux qui n’ont pas été transformés en établissement public ni rattachés à l’un d’eux – visant à « ne pas [les] sacrifier à une rationalisation administrative ou à projet politique ».

Les premières conclusions de la RGPP avaient en effet préconisé soit de faire entrer ces établissements dans le giron de la RMN (suscitant l’hostilité de leurs responsables, inquiets de se voir englobés dans un EPIC), soit de les décentraliser au profit de collectivités locales. Sur ce point, Cluzel soutient un rattachement à la RMN mais à condition de contractualiser clairement les relations et d’offrir une plus grande autonomie et une maîtrise de leur budget à ces musées.

Pour les cinq SCN d’Île-de-France, cette solution serait surtout le moyen d’échapper aux ambitions de Jean-François Hébert, chargé de mettre sur pied la « Maison de l’histoire de France ». Pour donner du corps à un projet purement politique et dépourvu de moyens, ce dernier conseille de fédérer les SCN franciliens sous la tutelle de la future « Maison de l’histoire de France ». Quitte à amalgamer leurs projets scientifiques sous une bannière historique. Le ministre de la Culture devra donc arbitrer entre ces deux visions.

Le rapport prévoit également une réforme de la gouvernance de la RMN, qui serait dotée d’une présidence exécutive – ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent – appuyée sur une véritable direction scientifique. Exit donc le poste d’administrateur général de Thomas Grenon, bon gestionnaire mais qui est contesté pour son interventionnisme en matière scientifique. Jean-Paul Cluzel imagine déjà recruter un conservateur de premier plan, si possible avec une expérience internationale, pour prendre la tête de cette nouvelle direction scientifique. Avis aux candidats.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°324 du 30 avril 2010, avec le titre suivant : Le Grand Palais, la RMN et les musées

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