Les ventes aux enchères dans le monde, résultats et commentaires

Drouot : L’art contemporain en demi-teinte

Paris

Le Journal des Arts

Le 1 novembre 1994 - 907 mots

Le mois d’octobre a vu son flot habituel de ventes d’art contemporain. Or, les lots proposés manquaient souvent de qualité et de fraîcheur, et le cœur des amateurs n’y était pas.

PARIS - Fiac oblige, l’art contemporain a été de saison à Drouot. Tandis que les marchands présents à la foire affichaient soulagement et même enthousiasme, les résultats des commissaires-priseurs étaient plus que mitigés. La vente d’ouvrages illustrés, d’estampes, de tableaux et de sculptures de Me Catherine Charbonneaux, le 30 septembre, n’a totalisé que 479 630 francs, avec seulement 80 des 225 lots vendus.

Déception également chez Guy Loudmer qui, le 12 octobre, n’a vendu que 100 lots sur 289, et enregistré un produit de 4 639 800 francs sans les frais, avec 4 863 400 francs de rachats, pour une estimation globale de 6 à 7 millions de francs. Le 16 octobre, lors de sa deuxième vente d’art contemporain, le même commissaire-priseur a totalisé 3 691 400 francs, avec 1 747 400 francs de rachats, soit 73 lots invendus sur 200.

Absence d’œuvres majeures
La vente de Me Guy Loudmer a souffert de l’absence d’œuvres majeures. L’adjudication la plus importante du 12 octobre a atteint modestement 310 000 francs, pour Union House de Pierre Alechinsky, acrylique et collage sur papier marouflé de 1978, estimé entre 300 000 et 350 000 francs. La seconde a été de 250 000 francs, pour Gris noir aux sillons symétriques (1964) d’Antoni Tàpies, pourtant estimé entre 300 000 et 350 000 francs. Poison God and the Haiwan Things (1982) de James Brown, huile et émail sur toile qui figurait sur la couverture du catalogue, estimé entre 230 000 et 260 000 francs, n’a pas été vendu. Paula (1962) de Karel Appel, estimé entre 500 000 et 600 000 francs, n’a pas non plus trouvé preneur.
 
Les résultats de la vente du 16 octobre étaient tout aussi peu convaincants. Le lot le plus cher de la vacation, La coiffure (1924) de Jules Pascin, a été adjugé 330 000 francs, juste au-dessous de son estimation basse ; La ville (1923) d’Édouard Goerg a trouvé preneur à 242 000 francs, juste au-dessous de la sienne.

Mes Francis Lombrail et Christian de Quay ont fait mieux avec leur vente, le 17 octobre, de la très éclectique collection d’art contemporain de leur confrère Me Pierre Cornette de Saint-Cyr, qu’ils avaient estimée entre 2,5 et 3 millions de francs seulement. D’une qualité inégale, comprenant des œuvres souvent mineures d’un grand nombre d’artistes de renom, la vente avait bénéficié d’une importante publicité, aidée en cela par la personnalité et la notoriété du vendeur. Le produit de la vente, sans les frais, a été de 4 397 300 francs, 122 lots sur 142 ayant été vendus.

La maison de la place Vendôme
Freddie (1984), le portrait par Jean-Michel Basquiat de son pourvoyeur en héroïne, estimé entre 400 000 et 600 000 francs, a été adjugé 625 000 francs. Quatre autres œuvres, moins importantes, du même artiste, se sont également vendues au-dessus de leurs estimations. Two colored Marilyn de Warhol, estimé entre 350 000 et 550 000 francs, a fait 315 000 francs, et One multicolored Marilyn, bleu vert (1979), estimé entre 200 000 et 250 000 francs, a été adjugé 300 000 francs. Sans titre d’Antoni Tàpies, vernis, graphite, ciment et huile sur papier marouflé sur toile, a été adjugé 200 000 francs ; Commercial moon (1985), un assemblage d’éléments en plastique de Tony Cragg 120 000 francs.

Le 18 octobre, Mes De Quay et Lombrail ont dispersé 93 des 165 lots de leur vente de tableaux modernes et contemporains (dont 32 provenant de la collection James Fitzsimons de Monaco), pour un total de 6 341 000 francs. Composition (1940) d’Auguste Herbin, estimée entre 180 000 et 200 000 francs, a été adjugée 250 000 francs, et El madrugal de la rueda (1983) de Matta, 750 000 francs, à son estimation.

La vente de bijoux Chaumet du 11 octobre, organisée par Me Watine-Arnault et Mes Libert et Castor (la vingt-troisième dans le cadre du redressement judiciaire de la célèbre maison de la place Vendôme), a attiré de grands collectionneurs et totalisé 23 millions de francs, pour une estimation globale de 15 à 20 millions. Les pièces, modernes, n’avaient aucun rapport avec les dessins qui avaient fait la gloire de Chaumet. Pourtant, elles ont plu. Cinq adjudications ont dépassé le million de francs. Une bague, ornée d’un diamant jonquille, a largement dépassé son estimation, de 700 000 à 900 000 francs pour atteindre 2,3 millions. Une autre bague, sertie d’une émeraude, adjugée 1 850 000 francs, a doublé son estimation, et un collier en diamants et émeraudes a trouvé preneur à 1 600 000 francs, à deux fois son estimation basse.

Succès en demi-teinte pour la vente d’arts d’Orient de Me Claude Boisgirard, du 7 octobre. 186 lots sur 220, de céramique, objets en métal et armes, se sont vendus autour de leurs estimations. Mais la pièce maîtresse de la vacation, une lampe sépulcrale au nom de l’émir Arghun Al-Nasiri, dont l’authenticité était contestée, est restée invendue.

L’initiative de Drouot d’aider la recherche sur le sida avec deux ventes de divers objets ayant appartenu à des célébrités, organisées les 5 et 6 octobre, a rapporté 1 350 000 francs, soit 30 % de mieux que prévu. Le casque de compétition d’Alain Prost a été adjugé 60 000 francs et le certificat de BEPC de Muriel Robin 20 000 francs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°8 du 1 novembre 1994, avec le titre suivant : Drouot : L’art contemporain en demi-teinte

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