Gand

Les sourires chiffrés de la sculpture gothique

Repères historiques et encadrement pédagogique

Le Journal des Arts

Le 1 novembre 1994 - 419 mots

Le Musée des beaux-arts de Gand accueille jusqu’au 27 novembre une exposition consacrée à un thème difficile, mais qui constitue un point de référence obligé en marge de l’exposition Memling.

GAND - La présentation des chefs-d’œuvre de la sculpture gothique, placée sous la direction scientifique de John Steyaert, professeur à l’université du Minnesota, réunit  104 pièces – venues tant de musées que de collections privées ou d’églises belges et étrangères – qui témoignent d’une production de grande qualité dans les États bourguignons entre 1420 et 1480.

En un parcours de 12 salles, dans un décor moderne et sobre, les organisateurs présentent les œuvres selon les centres de production dominants à l’époque : Flandre, Hainaut, Brabant, nord de la France, nord des Pays-Bas, Pays mosan.

Une large place est réservée à l’aspect documentaire. Le soin apporté à l’encadrement pédagogique et didactique permet de situer la sculpture dans le contexte historique du gothique international. Les références historiques, clairement balisées, offrent autant de repères. Le visiteur peut aussi suivre les phases d’exécution, depuis la commande jusqu’à l’installation. L’étude des techniques, l’approche iconographique, les comparaisons avec la peinture permettent de pénétrer plus avant dans un art dont la simple contemplation ne suffit pas à épuiser le sens.

Comparaisons et rapprochements
L’exposition ne renonce pas au spectaculaire, tant s’en faut. La salle consacrée aux Calvaires constitue le point d’orgue de la manifestation. Quelques pièces imposantes y sont réunies. Elles contrastent avec les petits formats réunis non loin de là, qui opposent à la pompe monumentale la préciosité de l’objet rare. Les matériaux participent à ce dialogue, qui joue de la signification symbolique des formes.

Aux ensembles de bois ou de pierre répondent les objets en ivoire, en albâtre ou en argent. Les uns et les autres témoignent des fonctions différentes de l’objet au sein de la liturgie quotidienne. À cinq siècles d’écart, l’interpré­tation de la sculpture polychrome pose problème. Les restaurations effectuées dans le goût néo­classique ont dépouillé nombre d’œuvres de leur valeur originelle. Aux difficultés d’interprétation s’adjoignent d’épineux problèmes de restauration.

Au plaisir des yeux s’ajoute la possibilité de juger, pour la première fois, la spécificité de la sculpture bourguignonne grâce à un ensemble conséquent. Comparaisons et rapprochements font avancer la connaissance au hasard de telles rencontres qui ramènent, cinq siècles plus tard, des objets dispersés aux quatre coins de l’Europe vers leur Flandre natale.

"Chefs-d’œuvre de la sculpture gothique 1420-1480", Gand, Museum voor Schone Kunsten, jusqu’au 27 novembre 1994, de 9h30 à 17 heures, fermé le mardi. Entrée 250 FB. Catalogue richement illustré.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°8 du 1 novembre 1994, avec le titre suivant : Les sourires chiffrés de la sculpture gothique

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