L’art de l’Asie du Sud-Est

Une véritable synthèse reste à écrire

Par Emmanuel Fessy · Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1994 - 375 mots

L’ouvrage se présente comme un de ces \"monuments\" auxquels les éditions Citadelles & Mazenod nous ont habitués avec leur collection \"L’art et les grandes civilisations\" : une somme de 642 pages, riche de quelque 850 illustrations, réunies à travers le monde ou réalisées spécialement pour le livre.

L’ouvrage offre des reproductions de pièces rarement montrées ou perdues de vue, complétées par des cartes, une bibliographie, un index. Au total, le fruit de cinq années de travail.

C’est le premier ouvrage d’ampleur sur les cultures du Sud-Est asiatique paru en France depuis des années. Il veut faire le point sur l’état actuel des recherches et des connaissances, grâce au concours de spécialistes comme Albert Le Bonheur, conservateur en chef au Musée Guimet (responsable pour le livre de la section consacrée à l’art cham), de chercheurs de ce même musée : Maud Girard-Geslan (la proto-histoire, l’art vietnamien, les arts et traditions populaires), Valérie Zaleski (les arts de Thaïlande et du Laos), Thierry Zéphir (l’art khmer), et des contributions signées Donald M. Stadner, de l’université du Texas (l’art birman) et Marijke J. Klokke, Ryksuniverseit à Leiden (les arts indonésiens).

Néanmoins, hormis le plaisir qu’offre la contemplation de l’ouvrage et l’intérêt majeur des différents textes, trois reproches peuvent lui être adressés. Tout d’abord, bien qu’il s’intitule L’art de l’Asie du Sud-Est, le livre ne fournit pas de véritable synthèse sur la question. Le lecteur serait en droit d’attendre, par exemple, une étude de l’évolution de la statue bouddhique à travers ces pays, sur celle des arts du feu, de l’architecture, de la forme du stupa…

Plutôt que d’ordonner des recherches transversales, l’éditeur a préféré commander des chapitres pays par pays, ce qui affaiblit la portée de l’ensemble. Bien sûr, le lecteur dispose des pièces du puzzle pour reconstituer cette synthèse, mais la lourdeur d’un tel "monument", le rassemblement des pages de texte et de l’iconographie, en rend le maniement peu commode.

Enfin, on peut s’étonner qu’un tel ouvrage soit encore aujourd’hui laissé à la responsabilité des seuls chercheurs occidentaux. Si les spécialistes cambodgiens ont malheureusement disparu dans les massacres des Khmers rouges, leurs confrères indonésiens, thaïlandais ou vietnamiens sont dignes d’écrire leur propre histoire.

L’art de l’Asie du Sud-Est, Citadelles & Mazenod, 642 p., 850 ill., 1 130 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°9 du 1 décembre 1994, avec le titre suivant : L’art de l’Asie du Sud-Est

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