Tourcoing

Les métamorphoses d’Orphée

Plus de cent œuvres pour raconter le mythe

Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1994 - 522 mots

Pour sa réouverture, le Musée des beaux-arts de Tourcoing, fermé depuis deux ans, (le JdA, n° 8 novembre), fait une rentrée remarquée avec une exposition thématique d’envergure, à laquelle sont associés deux autres musées, Strasbourg et Ixelles.

TOURCOING - Plus fréquentes chez nos voisins belges, allemands, suisses ou italiens, les expositions à thème sont peu prisées dans les musées de l’Hexagone, qui font plutôt la part belle aux monographies. Après Ciel, Enfer, Purgatoire (Cologne, Zurich, 1994), La Madeleine (Florence, 1989) et La Méduse (Vienne, 1990), Catherine Camboulives, conservateur au Musée Granet d’Aix-en-Provence, a choisi d’illustrer le thème d’Orphée.

Outre un important tronc commun d’œuvres, l’exposition présentée successivement dans les trois musées ne comportera pas les mêmes pièces à chaque étape ; les œuvres graphiques, notamment, feront l’objet d’une rotation, imposée par des nécessités de conservation. L’exposition ne vise pas à l’exhaustivité, mais à la présentation d’un choix d’œuvres représentatives de chacun des principaux courants artistiques s’étant emparé du mythe d’Orphée.

L’exposition joue sur la pluridisciplinarité et la mise en parallèle des différents modes d’expression, de la peinture à l’opéra – où le sujet connut dès le XVIIe siècle, sous l’impulsion de Monteverdi, un développement considérable – en passant par les arts décoratifs. Cet aspect est particulièrement bien mis en valeur au Musée de Tourcoing qui, dans son nouvel aménagement, a choisi de montrer l’interférence et la complémentarité des arts plastiques et des arts vivants (théâtre, danse, etc.), toutes époques confondues.

L’emblème de Cocteau
à Tourcoing, le parti pris sera résolument contemporain, tandis qu’à Ixelles, l’avantage sera donné aux symbolistes belges. à Strasbourg, une optique plus éclectique jouera sur une mise en scène analogique et subjective au moyen de technologies scénographiques de pointe (transmission – et exploration – par satellite et pilotage interactif).

Les Luca Giordano, les Dürer, les Bruegel et les Padovino ont donné au fils de la muse Calliope et à son épouse Eurydice, nymphe des Enfers, mille visages. Parmi d’autres œuvres provenant de collections françaises et européennes (Musée des beaux-arts de Vienne, Accademia de Venise, Prado, etc), on citera le cratère antique (v. 470 av. J.C) du Louvre, un très étrange Valloton représentant Orphée dépecé par les Ménades (collection particulière), et les subtiles compositions de Gustave Moreau – avec Odilon Redon, sans doute le peintre d’Orphée par excellence.

Masson, Villon, Valloton, Picabia et Zadkine ayant traité du mythe tour à tour sur le mode de la dérision ou de la sublimation (Cocteau n’ira-t-il pas jusqu’à prendre Orphée pour emblème ?), ils seront à l’honneur lors de la première étape. L’un des principaux mérites de cette triple exposition est d’avoir fait resurgir des œuvres égarées ou oubliées. Ainsi, des dessins d’Alexandre Séon et de Bourdelle, et une toile de Gustave Adolph Mossa, issus de trois collections privées, ou encore un tableau d’Alphonse Osbert, retrouvé dans les réserves du Musée de Saint-Étienne.

"Les métamorphoses d’Orphée, Orphée dans les arts de 1789 à nos jours", Musée des beaux-arts de Tourcoing, jusqu’au 30 janvier ; Musée des beaux-arts de Strasbourg, 24 février-30 avril ; Musée d’Ixelles, 19 mai-30 juillet.
Le catalogue ne sera disponible qu’en fin d’année, au prix de vente d’environ 200 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°9 du 1 décembre 1994, avec le titre suivant : Les métamorphoses d’Orphée

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