Lyon

La Biennale d’art contemporain s’installe au musée

Artistes plasticiens et nouvelles technologies

Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1994 - 739 mots

La 4e Biennale d’art contemporain (BAC) se tiendra dans le nouveau bâtiment du Musée d’art contemporain (MAC) en décembre 1995. Elle marquera la réouverture du musée, aujourd’hui replié sur l’Espace lyonnais d’art contemporain. Un événement attendu et un calendrier serré !

LYON - "Vidéo, cinéma, informatique et réalité virtuelle, 1963-1995", le thème de la prochaine Biennale d’art contemporain entend se démarquer du caractère historique des éditions précédentes – "Et tous ils changent le monde", en 1993, présentait la notion d’avant-garde à travers le siècle – pour renouer avec la fonction initiale de "recensement de l’actualité" de ce type d’exposition. Car pour Thierry Raspail (conservateur du Musée d’art contemporain), commissaire avec Thierry Prat (son adjoint au MAC) et Georges Rey (professeur et artiste vidéo), "les expositions d’actualité, comme la Documenta ou Venise, ne peuvent plus se contenter d’une photographie de la production plastique à un moment donné.

Elles doivent définir un champ, et c’est ce que nous nous sommes efforcés de faire pour la BAC". Un coup de projecteur qui s’imposait, selon Thierry Raspail, "car on parle très peu de l’utilisation des nouvelles technologies, ne serait-ce que parce que les musées ne sont pas équipés pour cela, alors que les artistes s’y intéressent de plus en plus".

Cependant, un thème aussi "pointu" ne va pas sans poser des problèmes d’ordre artistique : "Il n’est pas simple de faire un choix, car rares sont les artistes qui ont un travail développé. Ils sont tous en devenir, en maturation. Il n’y a guère que Bill Viola ou Gary Hill qui ont une œuvre derrière eux permettant de vraiment juger de la qualité de leur travail". Réfutant l’hypothèse d’un possible effet de mode, Thierry Raspail souligne : "ce phénomène de l’utilisation de nouvelles technologies est suffisamment important pour qu’on fasse le point".

Il ne craint pas non plus de suivre le vaste mouvement des artistes engagés dans une prise de position politique et dont beaucoup travaillent sur l’image et ses manipulations : "la Biennale ne sélectionnera pas les artistes parce qu’ils sont politically correct ; l’intention politique ne fait pas la qualité d’une œuvre".

Un espace modulable
L’ampleur de cette manifestation conduit naturellement à s’interroger sur la place qu’elle occupe dans la vie du musée. N’est-elle pas disproportionnée par rapport aux moyens du MAC ? "Pour qu’un musée vive, il faut un événement", précise Thierry Raspail "seul l’événement déplace le public et c’est le rôle de la BAC (86 000 visiteurs en 1993). La Biennale, qui dispose de 6 millions de francs accordés par la Ville, contre 9 au musée, ne l’asphyxie pas, bien au contraire : "la subvention Biennale est spécifique" explique Henri Destezet, chargé de mission pour la Culture à Lyon, "elle ne serait pas attribuée au musée". De plus, cette opération exceptionnelle attire des bailleurs de fonds que n’obtiendrait pas le MAC seul, comme le ministère (qui verse 5 millions de francs), la région (1 million) et des sponsors privés (700 000 francs). Pour Henri Destezet, la Biennale "rend manifeste la politique de soutien à l’art contemporain de la ville".

Un objectif qui sera probablement démultiplié par l’installation dans le nouveau bâtiment du MAC, construit par Renzo Piano, et installé quai Achille Lignon, au cœur de la future cité internationale dessinée elle aussi par l’architecte génois. Un investissement de 86 millions de francs dont 20 apportés par le ministère de la Culture et 40 payés par l’aménageur de la cité. D’une superficie totale de 6 219 m2, il disposera de 2 620 m2 d’exposition, dont 560 m2 en lumière zénithale.

Pour être en adéquation avec "la politique d’auteur" que mène Thierry Raspail depuis 1984 et qui l’a conduit "à produire plus de 40 % des œuvres de la collection" et "rassembler le plus vaste ensemble européen d’installations", le musée sera un espace transformable : "nos expositions sont conçues d’œuvre à œuvre ; par conséquent, elles ne sont pas chronologiques mais thématiques.

On expose les œuvres en les associant successivement les unes aux autres, ce qui nécessite un espace avant tout modulable. On a travaillé avec Renzo Piano de manière à ce que les visiteurs fassent à chaque visite un parcours visuel inédit. Pour cela, on a choisi de faire dix entrées possibles dans le musée". Une "expérience" qui n’est pas sans rappeler un projet aux prémisses similaires mais dont l’usage s’est avéré différent : Beaubourg. Parions qu’il n’en sera rien ici, puisque le bâtiment découle du projet artistique et non l’inverse.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°9 du 1 décembre 1994, avec le titre suivant : La Biennale d’art contemporain s’installe au musée

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