Peut mieux faire

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 13 avril 2010 - 493 mots

Oyé, oyé ! La France contre-attaque sur la scène internationale. Le dernier rapport livré par le Conseil des ventes volontaires fait état d’une progression du marché français de 9,6 % par rapport à 2008.

L’étude signale même que l’Hexagone est le seul pays, avec la Chine, à connaître une avancée dans une année de crise. Mais cette donnée doit être fortement nuancée, car, sans la manne de la vente Bergé-Saint Laurent, la France aurait connu un repli de - 5,1 %. D’autres éléments jouent néanmoins en notre faveur. La Foire internationale d’art contemporain (FIAC) ne cesse d’améliorer sa liste. Ces six derniers mois, les galeries étrangères Tornabuoni (lire p. 26) et Guy Pieters ont ouvert des antennes à Paris. Le puissant marchand Larry Gagosian devrait inaugurer, en septembre, avec Elizabeth Peyton, un espace dirigé par Serena Cattaneo au 4, rue de Ponthieu dans le 8e arrondissement. Quelques créateurs français, comme Kader Attia, lauréat du prix Abraj Capital, ou Tatiana Trouvé, se taillent une place dans les réseaux internationaux.

Faiblesses à l’international
Côté jardin, la France ne cesse de s’embellir. Côté cour, elle doit encore faire des efforts. Après six mois de présence dans la capitale, la galerie Tornabuoni n’a pas encore vendu à un nouveau client français, malgré de belles expositions comme « Lucio Fontana » en octobre, et « Alighiero e Boetti » actuellement. « Ma prévision se confirme avec Paris comme vitrine internationale, et non pas dans l’idée de toucher le public parisien », confie Michele Casamonti, directeur de Tornabuoni. Bien qu’il se soit déjà fait quelques nouveaux clients français, c’est surtout à ses acheteurs habituels et à un collectionneur russe que Guy Pieters a cédé les pièces de son exposition consacrée à Jan Fabre. Il faut admettre que construire une clientèle, où que ce soit, prend du temps.

Plus déprimant est le classement d’Artprice des cinq artistes français vivants les mieux vendus aux enchères en 2009. Alors qu’on penserait plutôt à Boltanski, Buren, Morellet, Lavier, Messager, Huyghe ou Veilhan, le palmarès d’Artprice aligne, dans l’ordre, Pierre Soulages, Georges Mathieu, Robert Combas, Bernar Venet et… Jean-Pierre Cassigneul. Aussi respectables soient-ils, aucun de ces cinq artistes ne représente vraiment l’actualité ou l’avenir de l’art contemporain français. Dans le même temps, le top 5 d’Artprice des artistes indiens et indonésiens met en exergue les créateurs qui font la une de l’art du sous-continent, comme Subodh Gupta. Pas un seul des Français du classement n’est âgé de moins de 50 ans, et trois ont plus de 68 ans.

Or, parmi les cinq premiers artistes britanniques, le plus âgé, Damien Hirst, a tout juste 45 ans. La présence de Jean-Pierre Cassigneul, un peintre décoratif qui réalise 80 % de son produit de ventes sur le sol anglo-saxon, laisse enfin pantois. Ce palmarès ne fait que souligner l’un des handicaps des artistes français : leur absence du second marché, la portée encore réduite des galeries françaises sur le plan international et la faible dimension prescriptrice de nos institutions.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°323 du 16 avril 2010, avec le titre suivant : Peut mieux faire

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