Le Wiels en péril

En décembre dernier, Beliris, l’institution fédérale qui finance les projets bruxellois, a refusé de payer les 2,7 millions d’euros promis pour achever la rénovation du bâtiment, sis dans une ancienne brasserie. Le motif invoqué ? Un avis négatif de l’Inspection des finances pointant un conflit d’intérêts. L’une des administratrice du Wiels se trouve être aussi présidente du conseil d’administration de Cit Blaton, entreprise qui a réalisé une partie des travaux.

Pour le centre d’art, les règles du marché public ont été respectées et le conflit d’intérêt concernerait les fonctionnaires et non des personnes privées. Le conseil d’administration a alors songé à assigner l’État en justice. Une pétition en faveur du lieu, menacé de fermeture, a été lancée en début d’année sur le site www.helpwiels.org. Celle-ci souligne qu’un « manque d’engagement face à cette institution phare aura manifestement pour conséquence la rechute de la place de Bruxelles au niveau national et international en matière d’art contemporain ».

Avec une programmation ambitieuse, de Mike Kelley en 2008 à Felix Gonzalez-Torres jusqu’au 25 avril, et Francis Alÿs à l’automne, le Wiels a injecté de l’ambition à un paysage institutionnel belge plutôt monotone. « On n’est pas prêt à disparaître, mais les difficultés sont là. La région de Bruxelles-Capitale, qui est propriétaire du site, devrait trouver une solution », nous a confié Dirk Snauwaert, directeur de l’établissement. Il serait ridicule que l’État belge, qui a déjà investi dans le bâtiment, laisse la situation se désagréger. D’autant plus qu’il serait difficile de valoriser le lieu autrement que par un centre d’art.