Les ventes aux enchères dans le monde, résultats et commentaires

Autoportraits

Londres, art moderne et contemporain

Par Roger Bevan · Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1995 - 791 mots

Tobias Meyer, directeur de Sotheby’s, a égalé les résultats spectaculaires qu’il avait obtenus lors de sa première soirée de ventes contemporaines, à la fin du mois de juin. Le département qu’il dirige suscite un tel enthousiasme que la première partie de sa vente d’art contemporain, dans la soirée du 30 novembre, a attiré une foule de collectionneurs et de marchands internationaux.

LONDRES - Trente-neuf des cinquante lots proposés ont été vendus, pour un montant total de 3,49 millions de livres (29 665 000 francs), à comparer avec les 3,4 millions de livres (28,9 millions de francs) atteints il y a cinq mois. Un ensemble plus grand de pièces moins remarquables, Contemporary Art, Part II, a été dispersé le lendemain matin pour 1,39 million de livres (11 815 000 francs), une meilleure performance que les 1 270 000 livres (10 795 000 francs) de la vente estivale.

Il a semblé un moment que l’Étude de tête de Francis Bacon, estimée 550 000 à 650 000 livres, était encore trop chère à 450 000 livres, lorsque deux enchères téléphoniques successives l’ont fait monter à 610 000 livres (5,185 millions de francs). En revanche, un petit Autoportrait du même artiste, estimé entre 200 000 et 250 000 livres (de 1,7 à 2,125 millions de francs), a mis aux prises cinq personnes avant d’être emporté par une femme présente dans l’assistance pour 330 000 livres (2,8 millions de francs).

Le regain d’intérêt pour Andy Warhol s’est confirmé lors de la vente d’un Autoportrait de jeunesse, estimé entre 40 000 et 60 000 livres, acquis sur enchère téléphonique par l’intermédiaire d’Anthony Grant – directeur de la succursale new-yorkaise –, pour 122 000 livres (1 037 000 francs), au terme d’une compétition serrée avec le marchand José Mugrabi.


La Famille Ruhnau de Gerhard Richter, estimée entre 200 000 et 300 000 livres, est partie sur enchère téléphonique à 260 000 livres (2,21 millions de francs), devenant du coup la plus chère des œuvres allemandes de la semaine. Un acquéreur anonyme, assis dans le couloir situé derrière la salle, a payé 130 000 livres (1,1million de francs) un saisissant Portrait inversé de Georg Baselitz, estimé entre 120 000 et 150 000 livres, que Tobias Meyer avait choisi pour illustrer la couverture du catalogue.

Le directeur de Christie’s, Hugues Joffre, préfère les peintres abstraits européens des années soixante plutôt que ceux des années quatre-vingt, avec à la clé des résultats commerciaux assez proches de ceux de son rival.

Le jeudi 1er décembre, lors de sa vente d’après-midi d’art contemporain, Christie’s a écoulé quarante-sept des cinquante-huit lots qu’il proposait, dont la majeure partie des plus notables, pour un total de 3 110 000 livres (26 435 000 francs), des résultats légèrement supérieurs à ceux de l’été (2 960 000 livres, soit 25 160 000 francs). Une surprise : Christie’s n’a pas vendu d’œuvres de moindre valeur lors de la seconde partie de sa vente.

Cortège de Dubuffet, estimé entre 260 000 et 300 000 livres (de 2 171 000 et 2 505 000 francs), a été la meilleure vente de la soirée en atteignant 220 000 livres (1,87 million de francs) sur enchère téléphonique. Un acheteur inconnu a payé 190 000 livres (1,61 million de francs) pour La Mante Grande, une statue de bronze de Germaine Richier, estimée entre 70 000 et 90 000 livres (de 595 000 à 765 000 francs).

Le Musée d’art de Tel Aviv a déboursé 150 000 livres (1,275 million de francs) pour Deux femmes avec tarte, de Gerhard Richter, estimé entre 120 000 et 160 000 livres (entre 1 020 000 et 1 360 000 francs). Un Oiseau inversé de Georg Baselitz, estimé entre 100 000 et 150 000 livres (de 850 000 à 1 275 000 francs), est parti sur enchère téléphonique à 125 000 livres (1 062 500 francs) et Le refuge Ernst Ludwig, du même artiste, estimé de 100 000 à 150 000 livres (de 850 000 à 1,27 million de  francs), vendu par le collectionneur allemand Hartmut Ackermeier – peut-être le plus grand format du catalogue –, a été acheté 130 000 livres (1,1 million de francs). La seule déception a été la Nuit de la Saint-Jean, une composition assez désordonnée d’Anselm Kiefer incorporant des tiges de fougères, qui n’a attiré aucune enchère.

1. Jean Dubuffet, Cortège, 1961, huile sur toile, 116,2 x 89cm, Christie’s Londres, 1er décembre, 243 000 £, 1 870 000 F, (Est. £260-300 000)

2. Francis Bacon, Self Portrait, 1972, huile sur toile, 35,5 x 30,5 cm, Sotheby’s Londres, 30 novembre, 364 500 £, 5 185 000 F, (Est. £200-250 000)

3. Andy Warhol, Self Portrait 1964, sérigraphie, 50 x 40 cm, Sotheby’s Londres, 30 novembre, 135 700 £, 1 037 000 F, (Est. £40-60 000)

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Autoportraits

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