Espagne

La Caixa en tête

Elle possède la première collection du pays

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1995 - 661 mots

La plus importante fondation culturelle d’Europe, comparable aux plus grandes fondations américaines – Ford ou Getty –, appartient à la Caisse d’épargne espagnole, La Caixa. En moins de dix ans, près de cinq cents œuvres d’artistes contemporains espagnols et étrangers ont été rassemblées au sein de sa collection.

BARCELONE - L’une des plus riches fondations du monde, la Fundació La Caixa, appartenant à la Caixa d’Estalvis i Pensions (seconde caisse d’épargne sur le plan mondial), a rassemblé, en moins de dix ans, la principale collection d’art contemporain du pays. Son budget de fonctionnement s’élevait en 1993 à environ 355 millions de francs, dont près de 18 %, soit environ 63 millions de francs, étaient consacrés aux arts plastiques – une somme qui a culminé cette année à 100 millions de francs. De par ses statuts, La Caixa ne peut pas utiliser plus de 50 % de ses bénéfices annuels pour les activités culturelles et sociales de la fondation.

À l’heure actuelle, la collection d’art contemporain de la Fundació La Caixa réunit un total de 494 œuvres, dont 391 d’artistes espagnols et 103 d’artistes étrangers. Celle-ci n’est pas destinée à l’intention de ses seuls dirigeants, et n’est pas non plus un investissement spéculatif. Elle a été conçue pour répondre aux engagements sociaux et culturels assumés par la Caixa envers la société espagnole, à travers un programme d’expositions publiques.

La dictature franquiste
Vers le milieu des années soixante-dix, la Fundació La Caixa avait décidé de compléter ses activités traditionnelles en accordant une attention particulière aux expressions artistiques les plus récentes. Durant ces années de changement et d’euphorie, le panorama artistique espagnol évoluait très rapidement, suivant des lignes et des tendances analogues à celles qui se manifestaient dans d’autres pays occidentaux.

Mais surtout, les longues années de la dictature franquiste avaient engendré d’immenses lacunes dans la connaissance des événements et des protagonistes de l’art contemporain depuis le milieu du siècle. La Fundació La Caixa définit donc un programme d’expositions capable de présenter des périodes, des artistes et des expressions du monde artistique contemporain pratiquement inconnus en Espagne. Ces objectifs sont toujours à la base du programme d’expositions de la fondation, qui en a déjà organisé plus de trois cents.

En 1985, une nouvelle étape a été franchie sous l’impulsion du directeur général de la Caixa, José Vilarasau. Une équipe restreinte, composée d’experts internationaux, s’est vue confier le soin de créer une collection regroupant l’art contemporain espagnol et les œuvres d’artistes étrangers les plus significatives, depuis les années quatre-vingt.

Ce comité de spécialistes est composé de Jésus Aguirre, duc d’Albe ; Carlo Bertelli, ancien directeur de la pinacothèque de Brera à Milan ; Jean-Louis Froment, directeur du Musée d’art contemporain de Bordeaux ; Joan Hernández Pijuan, peintre espagnol ; Evelyn Weiss, conservatrice en chef du Musée Ludwig de Cologne ; María Corral, directrice du département Expositions de la fondation de 1980 à 1990, et coordinatrice générale du projet.

Le défi était immense : il fallait constituer une collection en partant de zéro, dans un pays au pouvoir d’achat limité où n’existait aucun collectionneur de dimension internationale.

Présentation thématique
L’Espagne et ses artistes sont représentés par les œuvres de Susana Solano, Antoni Tàpies, Ferran García Sevilla, José Maria Sevilla, Juan Uslé, Antonio Saura, Edoardo Chillida, Pello Irazu, Luis Gordillo et José Manuel Broto. Parmi les œuvres d’artistes étrangers, figurent La chambre de la douleur de Joseph Beuys, La muraille d’Athènes de Yannis Kounellis, Vers l’outremer de Giovanni Anselmo, Gommes I, II III de Enzo Cucchi, le triptyque Miel, argent et sang de Francesco Clemente, deux œuvres de Bruce Naumann, un Igloo de Mario Merz, des œuvres de Julian Schnabel, Richard Long et Sigmar Polke.

Les pièces de la collection sont présentées thématiquement, selon un programme d’expositions bien défini. La fondation garde comme objectif prioritaire de proposer tous les types d’expression artistique, de montrer les tendances les plus diverses de l’art contemporain, et d’offrir au public l’occasion de découvrir des artistes absents des autres collections publiques et privées d’Espagne.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : La Caixa en tête

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