Royaume-Uni - Archéologie

Londres

Le British Museum et la chasse aux trésors

La loi sur les inventions est incomplète

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1995 - 539 mots

L’absence d’une législation adéquate favorise la vente et la dispersion des trouvailles. L’un des plus grands "trésors monétaires" romains de Grande-Bretagne a été vendu ; les 23 500 pièces du vase de Nether Compton sont maintenant sur le marché international.

LONDRES - L’année dernière, le Department of National Heritage a décidé de soutenir la réforme de la loi et des discussions ont eu lieu avec le Council for British Archeology, la Museums Asso­ciation, la British Numismatic Trade Association et le National Council for Metal Detecting. Malgré l’urgence, le gouvernement n’a pas encore fait passer la loi à la Chambre des communes. Le British Museum, gêné par les insuffisances de la loi sur les inventions pour protéger les antiquités mobilières, essaie de trouver un député pour déposer à son tour un projet de loi.

Si la manœuvre échoue, il tentera de faire pression directement sur le gouvernement. Une nouvelle loi a été proposée l’an passé à la Chambre des lords par le comte de Perth, et a été votée après avoir reçu le soutien du gouvernement. Elle étend la notion de "trésor", renforce les prérogatives de l’administration et fait de la non-déclaration un délit punissable.

Le trésor de Nether Compton
L’ancienne loi excluait les objets perdus et non enfouis intentionnellement ; la nouvelle engloberait tous les objets de plus de trois cents ans, quel qu’ait été leur mode d’enfouissement. L’ancienne loi ne concernait que l’or et l’argent ; la nouvelle concernerait tous les objets et tous les "trésors monétaires" (c’est-à-dire les groupes de plus de deux pièces d’un même type). Le contenant éventuel du trésor lui serait associé dans le cadre de la nouvelle loi.

Le trésor a été découvert, le 19 février 1989, par un fanatique de la détection des métaux, dans un champ de Nether Compton, près de Yeovil (Dorset). Les 23 500 pièces retrouvées datent du début du IVe siècle, du règne de Constantin le Grand. La trouvaille a été partagée entre Pittard, l’inventeur, et Roger Foot, le propriétaire du champ. Les monnaies n’étant pas de métal précieux, le trésor a légalement échappé au Comité d’examen des trésors.

Les deux "possesseurs" du trésor avaient quand même le sens du bien public : ils l’ont adressé au musée du comté, à Dorchester, aux fins d’enregistrement. Le musée n’en a rien fait, prétextant un manque de crédits et n’a pas contacté le British Museum qui aurait pu fournir les fonds. Au début de 1994, les inventeurs ont fait savoir au musée qu’ils voulaient récupérer leur bien pour le vendre, mais qu’ils accorderaient la préférence financière à l’institution.

Vendu à un marchand
Le musée n’a pu offrir que quelques milliers de livres, et le trésor a alors été vendu à John Cummings, un marchand établi dans le Lincolnshire, pour 30 000 livres (255 000 francs).

Le British Museum a du mal à admettre que ce trésor archéologique ait échappé à l’enregistrement. "C’était le quatrième trésor monétaire jamais trouvé en Angleterre, mais on ne sait pas ce qu’il contenait", proteste Roger Bland, conservateur du département de Numismatique romaine.
Selon les autorités du musée, le nombre d’antiquités exhumées chaque année au Royaume-Uni est de plusieurs millions. La plupart des trouvailles sont faites par des chasseurs de trésor utilisant des détecteurs de métaux.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Le British Museum et la chasse aux trésors

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