Rome

Restauration de la Loge Stati-Mattei

Du Metropoliltan Museum au mont Palatin

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1995 - 502 mots

Vingt-deux panneaux figuratifs, prêtés “à long terme”? par le Metropolitan Museum de New York à l’Italie, sont à l’origine de la réhabilitation d’une loge du XVIe siècle.

ROME - La restauration de la Loge Stati-Mattei – dernier vestige d’une demeure nobiliaire installée au centre du mont Palatin, sur la domus Augustana de Domitien –, dont le principe avait été accepté en décembre par la surintendance archéologique, est achevée. Si, dans la mémoire collective, le mont Palatin est associé aux ruines splendides des villas des Césars, il fut également, à la Renaissance, le siège de villas princières érigées sur les murs des monuments antiques. Peu de vestiges demeurent de cette seconde occupation, et l’on conçoit que la restauration d’une loge élégante du Cinquecento soit devenue capitale.

La reconstitution de l’agencement décoratif de la loge constitue l’aspect le plus intéressant de cette réhabilitation. Elle résulte d’un accord signé en 1989 entre le ministre des Biens artistiques d’alors – M. Facchiani – et la direction du Metropolitan Museum de New York. À cette date, le musée américain concédait le "prêt à long terme" des vingt-deux panneaux provenant de la loge Stati-Mattei, afin qu’ils soient replacés in situ après restauration.

Au siècle dernier, le propriétaire de la villa, R. Smith, avait mis sur le marché de l’art vingt-deux panneaux figuratifs, qui furent dispersés avant d’aboutir au Metropolitan Museum. Les autres éléments du décor subirent un sort similaire, et les panneaux représentant les figures et les paysages mythologiques ont eux, abouti au Musée de l’Ermitage, où ils se trouvent toujours. Ainsi, après plus d’un siècle, l’ensemble d’un cycle qui, par sa qualité, fut longtemps considéré de la main de Raphaël avant d’être récemment attribué à Peruzzi, se recompose, du moins partiellement.

La décoration, imposée de manière organique d’après le modèle architectonique – une reprise du goût archéologique du portique classique aux élégantes arcades – s’insère dans la mouvance du goût romain pour les grotesques, inauguré par Pinturicchio dans les "appartements Borgia", au Vatican, en 1492-1494. Dans les écoinçons et sur la voûte, entre une corniche d’élégants grotesques sur fond blanc, les panneaux peints illustrent les douze signes du zodiaque, les figures d’Apollon, de Minerve et des six muses, les noces d’Hébé et d’Hercule, et la figure de Vénus (semble-t-il) avec quatre muses.

La restauration, entreprise dès l’arrivée des panneaux en Italie, en 1989, a impliqué le nettoyage de toutes les surfaces peintes, et l’élimination des repeints divers à la tempera et à la chaux sur les parties peintes à fresque. L’éclat originel, dû à l’or appliqué par touches très rapprochées de manière à créer un effet de mosaïque feinte, a pu être restitué.

Une fois ôtées les toiles sur lesquelles les fresques avaient été reportées, on a procédé au montage sur un support rigide en aluminium, adapté à la concavité de la voûte. Chaque élément d’ancrage à la voûte est amovible et peut être éliminé à tout moment sans dommage, car il s’agit d’un "prêt", même s’il est d’une durée indéterminée, et non pas d’une restitution définitive.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Restauration de la Loge Stati-Mattei

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque