Art moderne

Rome

La bonne fortune de Fortunato Depero

D’un Futurisme à l’autre

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1995 - 408 mots

Le Palais des expositions accueille une rétrospective exceptionnelle consacrée à Fortunato Depero (1892-1960), une des figures marquantes du Second Futurisme. Une œuvre haute en couleurs, où les influences dadaïstes et surréalistes se conjuguent au culte de la machine et de la vitesse.

ROME - Les cent cinquante œuvres témoignent de la grande richesse chromatique de l’artiste, de l’originalité de ses thèmes et de son inépuisable créativité dans le domaine des arts décoratifs, du théâtre, de la mode et du graphisme publicitaire. C’est à Rome, en 1915, qu’il signe avec Balla un manifeste décisif : La Reconstruction futuriste de l’univers, qui a pour programme la rénovation de "l’esthétique du quotidien". Avant de jouer un rôle de premier plan au sein du Futurisme tardif, l’influence de Depero s’exerce alors (aux côtés de Balla, Boccioni, Severini et Marinetti) sur la création futuriste, dont l’une des préoccupations premières est le dynamisme spatial de sa peinture.

Une grande salle est réservée aux toiles les plus remarquables, dont certaines n’avaient jamais été exposées à Rome. Bien que presque toute la production de 1915-1916 – des formes géométriques sur fonds abstraits – ait été perdue, on peut voir la toile inspirée par l’écrivain Gilbert Clavel, ami du peintre, Clavel nella funicolare, ou encore Meccanica di ballerini. On y retrouve à la fois l’humour dadaïste et la composante machiniste du Futurisme, exaltés par un colorisme audacieux. Des toiles à peine postérieures, comme I miei Balli plastici, La casa del mago ou Flora et fauna magica illustrent la période de la maturité.

Durant la Première Guerre mondiale, Depero contribue au renouvellement du théâtre, écrivant avec Balla et Prampolini des pièces dont ils créent les décors (reconstitués dans le cadre de l’exposition) et la scénographie. Les Ballets russes sont présents dans la capitale italienne, et Serge Diaghilev lui commande, en 1916, des décors et des costumes de scène pour Le chant du rossignol de Stravinski et Le jardin zoologique de Cangiullo.

Cette expérience théâtrale tend vers une stylisation progressive, et les mouvements mécaniques des interprètes inciteront Depero à inventer des ballets plastiques, dansés par des marionnettes, d’une grande originalité. Au printemps 1919, il ouvre à Rovereto, la "Casa d’arte futurista", un bureau d’études baptisé "la Casa del mago" ("la Maison du magicien"). Il y créera un ensemble de tapisseries, de meubles, d’objets usuels et de vêtements, dont certaines pièces sont présentées dans une galerie du Palais des expositions.

\"Fortunato Depero\"

Palais des expositions, Rome, jusqu’au 13 février 1995

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : La bonne fortune de Fortunato Depero

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