Paris

Mucha, entre arabesques et volutes

Hommage au maître de l’Art nouveau

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1995 - 482 mots

Après Prague, l’été dernier, et la Barbican Gallery de Londres en 1993, la Fondation Mona Bismarck offre à l’initiateur du Jugenstil une vaste rétrospective. En France, rien n’avait été consacré à l’artiste depuis l’exposition de la Bibliothèque Forney en 1966.

PARIS - Environ deux cent cinquante œuvres, prêtées principalement par la Fondation Mucha et le Mucha Trust, mais aussi par la Galerie nationale de Prague, la Bibliothèque de l’Arsenal, le Musée Carnavalet et le Petit Palais, sont réunies.

Elles offrent un tableau assez complet de la production prolifique et hétéroclite d’Alphonse Mucha (1860-1939). Parmi les nombreuses affiches publicitaires qui firent sa renommée dans le Paris de la Belle Époque, notons les célèbres réclames pour la liqueur La Trappistine, le Papier à cigarette Job ou le champagne Ruinart. Sans oublier les élégantes affiches de théâtre et les somptueux bijoux dessinés pour Sarah Bernhardt, qui s’était éprise de son "style nouille" et de ses arabesques.

Créateur prolifique, cet artiste d’origine morave qui, à l’âge de trente ans, en 1890, s’établit à Paris où il régna pendant plus d’une décennie sur l’art décoratif français, ne se contenta ni de peindre ses suaves silhouettes de femmes toutes enrubannées de fleurs et de boucles de cheveux, ni de croquer une kyrielle de vignettes et d’allégories dans les illustrés du temps. Affichiste, il fut aussi l’un des décorateurs les plus prisés de la capitale au tournant du siècle.

Il s’essaya à la sculpture, dessina des costumes de théâtre, des calendriers..., et même – comme l’attestent ses deux ouvrages parus en 1902 et 1905, Figures décoratives et Documents décoratifs – de la dentelle, des meubles et de l’argenterie ! L’une de ses plus fameuses réalisations est sans doute l’exubérant décor de la joaillerie Fouquet, réalisé en 1900, rue Royale, dont le Musée Carnavalet montre ici les cartons préparatoires.

Du peintre, une dizaine de toiles sont présentées, dont La Madonne aux lys et la célèbre Libuse, enchâssée dans un extravagant cadre en argent dessiné par l’artiste, qui est un pur joyau de l’Art nouveau. Cette mode est alors désignée sous le nom de "style Mucha". Dans de pâles harmonies de verts et de mauves rehaussées d’or, le pinceau virtuose y déploie langoureusement d’interminables vrilles et volutes enlaçant les corps d’une ronde de muses. Maniaque de la précision, Mucha fut l’un des premiers peintres à utiliser la photographie. Une cinquantaine de clichés dont certains quadrillés, ayant servis pour la mise au carreau de ses toiles, en témoignent.

À l’instar de l’exposition de Prague, une partie de l’atelier de Mucha, rue du Val-de-Grâce, avec son impressionnante collection de miroirs et d’oiseaux empaillés, a été reconstituée. Mais c’est surtout sur les dessins – moins connus que les affiches – que la Fondation Mona Bismarck a voulu mettre l’accent, en présentant une centaine de feuilles, dont une dizaine inédites, prêtées par les descendants du peintre.

\"Alphonse Mucha (1860-1939)\"

Paris Fondation Mona Bismarck, 26 janvier-25 mars.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Mucha, entre arabesques et volutes

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