Les Brèves : Multimédia, Banques de données..

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1995 - 1398 mots

Multimédia. La galerie Patrick Martin, à Lyon, innove : elle accueillera des œuvres interactives réalisées sur des supports informatiques par des artistes comme les Français Olivier Auber, Benoît Berry et Valéry Grancher, l’Espagnole Marta Guitart, les Allemands de Knowbotic Research, l’Anglais William Latham et les Australiens Jon Mc Gormack, Troy Innocent et VNS Matrix. L’opération, qui permettra de voir des artistes dont certains n’ont jamais exposé en France, est montée en partenariat avec IBM, Apple et France Télécom. Du 7 janvier au 26 février 1995, 4 rue de la Quarantaine 69005 Lyon, tél. : 72 41 73 90.

Banques de données. Comment faire dialoguer la banque de données Joconde, qui répertorie le patrimoine français, avec son homologue européen Vasari ? Le Ministère de la culture, Ercim (European research consortium for informatics and mathematics), le groupe Bull et la société Euroclid lancent une étude de faisabilité à cet usage. Il s’agira de créer un outil informatique qui permette l’accès aux différentes banques de données européennes sur le patrimoine culturel. L’objectif est de réaliser un outil d’exploitation destiné aux professionnels de ces fonds documentaires numérisés et de concevoir des produits multimédias à usage du grand public.

Commande publique. Une tapisserie d’Alighiero Boetti, artiste récemment disparu, sera bientôt suspendue dans l’atrium de l’université Lyon II. Le travail, réalisé d’après les instructions de l’artiste, laisse une large place à l’aléatoire de la composition. Budget : 200 000 francs.

Jacques Walter et la RMN
Le Tribunal de grande instance de Paris a déclaré "irrecevable", le 14 décembre, l’action engagée par Jacques Walter pour obtenir la révocation de l’acquisition par la Réunion des musées nationaux de la collection Walter-Guillaume, fleuron du Musée de l’Orangerie. Jacques Walter – qui compte faire appel de ce jugement – affirme que la transaction entre Juliette Lacaze – veuve de Jean Walter, père de Jacques Walter – et la RMN n’était qu’une "fiction".

Celle-ci, selon lui, aurait permis à Juliette Lacaze d’échapper à l’obligation de réserver une part de l’héritage aux héritiers de Jean Walter. "Jacques Walter ne produit aucun élément de nature à prouver que certains tableaux vendus par Juliette Lacaze à la Réunion des musées nationaux ne lui appartenaient pas et dépendaient de la succession de Jean Walter qui en était resté propriétaire, que faute de rapporter cette preuve, il ne justifie pas sa qualité à agir, qu’ainsi son action doit être déclarée irrecevable", affirme le tribunal. Pour Jean-Jacques Walter, fils de Jacques Walter, "si la collection s’appelle Jean-Walter - Paul Guillaume, c’est qu’il y a une partie Walter importante là-dedans. Mon père va faire appel, et je pense que la Cour d’appel  réagira autrement."

Par ailleurs, le TGI a estimé que l’instance de Jacques Walter avait "un caractère abusif". Selon le tribunal, elle a été introduite pour permettre à Jacques Walter d’obtenir "une solution favorable" pour l’exportation du Jardin à Auvers de Van Gogh. Ce tableau avait été classé en 1989. En décembre 1992, il a été vendu aux enchères à Drouot 55 millions de francs à M. Jean-Marc Vernes. Jacques Walter a introduit une action en indemnisation contre l’État, qui avait été condamné le 22 mars à verser 422 187 693 francs. Depuis, cette somme a été ramenée à 145 millions de francs. L’État a introduit un pourvoi en cassation.

Un nouveau directeur au VIA
Jean-Claude Maugirard, fondateur et directeur général du VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement) en 1979, a été remplacé par Gérard Laize, ancien directeur marketing d’Habitat. Cette nomination, effectuée par le conseil d’administration de VIA Association présidée par Philippe A. Mayer, entend "souligner la volonté des industries françaises de l’ameublement de renforcer le partenariat entre industriels, distributeurs et créateurs en matière d’innovation et de création dans l’ameublement". Jean-Claude Maugirard continue néanmoins d’apporter son concours au VIA en tant que directeur artistique.

Commande publique à Lyon. Après les interventions dans les parkings et la rénovation de la Place des Terreaux, dix artistes sont pressentis pour intervenir sur le site et le bâtiment de la Cité internationale de Renzo Piano : Yves Klein (reconstitution d’une fontaine bleue), Pierre Soulages, Antony Gormley, Pier Kirkeby, Lary Bell, Dris Sans Arcidel, Hervé et Buddy Di Rosa, Pierrick Sorin, Niek Van De Steege. Ils ont été proposés par Thierry Raspail et Thierry Prat, directeurs artistiques du projet et conservateurs du Musée d’art contemporain de Lyon. Décision le 19 janvier 1995.

… et à Châtelleraut. Jean-Luc Vilmouth vient d’achever une commande publique à Châtelleraut, pour la Manufacture d’armes fermée depuis 1968, symbole du passé industriel de la ville. Comme deux tours consiste en un escalier hélicoïdal permettant d’accéder à une passerelle-bastingage, reliant les deux dernières cheminées de la Manufacture.

Le marchand Jacques Melki interpellé. Le marchand parisien Jacques Melki, spécialiste de Poliakoff et de Dubuffet, a été interpellé le 20 décembre par les policiers de la Brigade financière de la police judiciaire de Paris, dans le cadre de trois mandats d’arrêt qui avaient été délivrés contre lui. Sa galerie, située rue de Seine, était fermée depuis septembre 1993. Confronté à un passif estimé à plus de 300 millions de francs (dont 160 au seul préjudice des banques), M. Melki s’était enfui en Amérique du Sud, avant de revenir en France il y a un mois et demi. Plusieurs des tableaux qui lui avaient été confiés ont disparu. En pleine euphorie du marché de l’art, Jacques Melki aurait profité largement de crédits bancaires, consentis par des établissements qui n’avaient pas envisagé le retournement du marché. Parmi eux figure la SDBO, filiale du Crédit Lyonnais. Un rapport d’expertise mettrait en cause plusieurs banques, qui auraient organisé une "cavalerie" - les établissements se seraient prêtés de l’argent les uns aux autres - pour masquer les trous financiers.

Comment échapper au droit de suite. L’Hôtel des ventes Mosan, à Liège, vient de jeter un pavé dans la mare des droits d’auteur en Belgique. Afin d’éviter le paiement à la SABAM (société privée chargée de récolter les droits des artistes), la salle de vente liégeoise a fait transporter à Luxembourg, où les droits ne sont pas perçus, trois tableaux d’une collection belge. La dispersion de ces tableaux a eu lieu en duplex entre Liège et Luxembourg, le reste de la collection étant vendu à Liège. Il s’agissait de disperser la collection Joiris qui comprenait, une toile de James Ensor (1860-1949) intitulée Au conservatoire de Bruxelles, et deux huiles de Georges Collignon (né en 1923) intitulées Abstractions  6 % de droits destinés aux artistes ou à leurs ayants droit devaient être perçus, ce qui représente dans ce cas de figure pas moins de 87 000 francs français, dont 80 000 francs français pour le tableau d’Ensor. Dès lors, l’unique héritière de James Ensor, inscrite à la SABAM depuis 1990 seulement et le peintre Georges Collignon lui-même (il vit à Liège) sont privés d’un joli cadeau de Noël. Une action en justice est envisagée.

Démission du directeur du Victoria & Albert Museum. Après avoir participé à la saga des Trois Grâces, Elizabeth Esteve-Coll quitte ses fonctions à la direction du Victoria and Albert Museum pour prendre celles de Directeur de l’Université d’East Anglia en octobre. Elle avait mené campagne pour que la statue de Canova, que le Getty Museum souhaitait acquérir, reste dans les collections publiques britanniques, mais sa gestion du musée était contestée.

Le Centre Pompidou présente, pour la deuxième année consécutive, les nouvelles tendances de la vidéo européenne. Jusqu’au 30 mars, au troisième étage du Centre, "Points de vue (images d’Europe)" fera le point sur une nouvelle génération de créateurs sélectionnés dans les festivals internationaux, les écoles des beaux-arts et des lieux de diffusion et de production alternatifs en Europe.


Les Villes de Charles Simmonds (NC) Paris. Co-produite avec la Fondation La Caixa de Barcelone, l’exposition Charles Simonds est présentée au Jeu de Paume jusqu’au 29 janvier. Simonds est surtout connu pour ses minuscules villes imaginaires et ses cités flottantes, univers étrange et méticuleux, à mi-chemin entre l’archéologie et l’utopie, entre l’archaïsme et la modernité. Proche, à une certaine époque, d’artistes comme Gordon Matta-Clark ou Robert Smithson, il fut aussi un temps associé au Land art, dont il a pu partager certaines préoccupations. On découvre, dans l’espace du Jeu de Paume qui lui est entièrement dédié, un choix d’une quarantaine de pièces, de 1970 à aujourd’hui, incluant des sculptures et des installations, mais aussi des films et des photographies. Seule la visite de l’exposition permettra de savoir s’il était bien légitime de consacrer tout l’espace de ce lieu prestigieux à un seul artiste.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Les Brèves : Multimédia, Banques de données..

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