New York : Michael Snow et Eadweard Muybridge

Par LeJournaldesArts.fr · Le Journal des Arts

Le 1 février 1995 - 650 mots

La galerie ACA propose une sélection d’œuvres de son fonds dans le cadre de l’exposition\"Important American Paintings from the Gallery’s\", de l’abstraction au réalisme, avec, notamment, des œuvres de Georgia O’Keeffe, Richard Pousette-Dart et Romare Bearden. Une perle rare a pourtant échappé à l’attention et au flair des collectionneurs : George MacNeil, artiste presque nonagénaire, dont les scènes de rockers punks et de danseurs de discothèques prouvent la jeunesse d’inspiration (du 2 au 25 février).

Missionnaire visionnaire, Tim Rollins propose chez Mary Boone (jusqu’au 25 février) ses exubérantes peintures sur textes littéraires, où il explore la comédie – et la tragédie – humaine en compagnie de jeunes des zones urbaines. Dans"Tim Rollins and K.O.S.", les"mômes de la survie" et leur mentor ont créé des nuages, des oiseaux et des formes rudes sur des pages manuscrites d’œuvres d’Aristophane. Pour Rollins, calomnié par des"mômes" ingrats voici quelques années, c’est une rédemption délectable.

Chez Paula Cooper la first lady de SoHo nous offre"Donald Judd : Sculpture from 1963-70". Disparu l’an dernier, Donald Judd créait l’illusion de la légèreté et de l’apesanteur avec ses boîtes dépouillées à l’ascèse séduisante. La somptuosité sensuelle de cet artiste à l’inspiration très personnelle se déploie pendant tout le mois de février.

Chez Marian Goodman, Christian Boltanski prend possession de l’espace avec des installations souvent liées au souvenir. Ses deux pièces sur le Bien et le Mal s’appuient sur des images photographiques : un ventilateur électrique, du coton blanc et des lumières blanches renforcent l’effet (du 10 février au 11 mars).

Peu de marchands savent monter une exposition collective avec autant de panache que Jay Gornoy, présence fascinante sur la scène de SoHo. De nouvelles pièces au sol et sur étagères de Haim Steinbach voisinent avec une installation de photographies de formes volantes abstraites, exécutées en 1969 par l’artiste conceptuel Michael Snow, auxquelles s’ajoutent des études cinétiques de la fin du XIXe siècle d’Eadweard Muybridge, chez Jay Gornoy Modern Art (du 11 février à la mi-mars).

La sculpture et les dessins des années 70 et 80 de Christopher Wilmarth (1943-1987) mettent en évidence l’inspiration de plus en plus personnelle et poétique de cet artiste minimaliste. L’exposition qu’on peut voir chez Sidney Janis (du 18 février au 23 mars) pose une question brûlante : quelles forces dans la société incitent-elles les artistes de talent (à l’inverse de ceux qui n’en ont pas) à la quitter si vite ?

Un jeune marchand continue de bousculer la scène artistique, cette fois avec"Gurgles, Sucks, Echoes" (Gargouillements, succions, échos), titre donné par Roni Horn à ses écrits"peints" sur fond noir. Nayland Blake, qui sait agacer et perturber, promet comme à son habitude de nous laisser cois devant quatre"objets" vidéo, qui incorporent de la musique sur bande sonore, une nature morte et la voix humaine – la sienne. Tous deux chez Matthew Marks (jusqu’au 11 mars).

Chez Robert Miller, les exercices anatomiques sévères, refusant toute idéalisation, de Philip Pearlstein contrastent vivement avec des études photographiques classiques du corps par David Seidner (du 7 février au 4 mars).

Les peintures récentes de Tápies investissent hardiment SoHo et Pace Wildenstein (du 27 janvier au 4 mars) au moment où une rétrospective de son œuvre couvre les murs du Musée Guggenheim uptown. Ses bruns, rouges et jaunes aux textures somptueuses – marbre pulvérisé et peinture sur bois, vernis et peinture sur toile avec collage – jouent avec les émotions du spectateur chez qui se mêlent des sentiments de désir, d’étouffement et, peut-être, de plénitude.

Chez Joan Washburn,"The Inspi­ration of Music" (du 15 février au 25 mars) rend hommage aux peintures, dessins et sculptures du grand sculpteur américain David Smith. Pendant les années 40 et 50, Smith (1906-1965), ignoré de beaucoup, affirmait sa réponse visuelle à la musique sous toutes ses formes, du classique au jazz. Cette exposition, à ne surtout pas manquer, illustre sa"collaboration" esthétique avec le quatuor à cordes Budapest et Eddie Condon. Un rappel plein d’affection.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°11 du 1 février 1995, avec le titre suivant : New York : Michael Snow et Eadweard Muybridge

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