Royaume-Uni

Forte croissance des vols en 1994

Dans la majorité des cas, les œuvres ne sont jamais retrouvées

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 1 février 1995 - 629 mots

La Museums and Galleries Commission a enregistré 40 vols dans les collections publiques entre juillet et décembre 1994, contre plus de 60 lors des douze mois précédents. Bryan Dovey, le conseiller à la sécurité de la commission, déclare que \"les six derniers mois sont les pires que nous ayons jamais connus\". La multiplication des vols frappe également les collections privées.

LONDRES - Un important Petrus Christus, estimé 300 000 livres (2,5 millions de francs), a été volé au musée de la ville de Birmingham en décembre 1993, avant d’être retrouvé en Suisse en avril dernier. Des peintures et des céramiques, d’une valeur de 150 000 livres (1,3 million de francs), ont été dérobées à la William Morris Gallery, dans le nord-est de Londres en août 1994. Si les collections publiques ont été victimes d’une vague de cambriolages ces dernières années, les demeures privées sont, elles aussi, devenues des cibles privilégiées. La célèbre nature morte d’Oudry, Le canard blanc, a été volée à Houghton Hall il y a deux ans.

Bien que sa valeur n’ait jamais été précisée, elle est estimée 5 millions de livres (42 millions de francs), autant que Le Repos pendant la fuite en Égypte de Titien, volé le 6 janvier dernier à Longleat House, dans la demeure de Lord Bath. Ce sont les deux tableaux les plus précieux jamais volés en Grande-Bretagne depuis le boom du début des années quatre-vingt sur le marché de l’art.

Au printemps 1994, en l’espace de cinq semaines, Abbotsford House, Floors Castle, Hopetoun House, Luton Hoo et Scone Palace ont été victimes de vols importants. À Wilton House, un portrait de la mère de Rembrandt a été dérobé, une œuvre d’atelier évaluée à 300 000 livres (2,5 millions de francs).

Plus d’un million de livres de vols par an
Il n’existe pas de statistiques précises sur les vols d’art en Grande-Bretagne, mais les vols d’œuvres de collection s’élèvent à plus d’1 milliard de livres (8,4 milliards de francs) par an. Le Council for the Prevention of Art Crime estime que les pertes en matière d’assurance pourraient s’élever à 500 millions de livres (4,2 milliards de francs), et les pertes encourues par les œuvres non assurées équivaudraient au double.

Dans la majorité des cas, les œuvres d’art volées chaque année en Grande-Bretagne ne sont jamais retrouvées. Une unité spéciale de Scotland Yard, baptisée Arts and Antiques Squad, a été mise en place en 1968. Elle a été modernisée en 1989, et fait maintenant partie de la Metropolitan Police’s International and Organised Crime Branch. Grâce à leur connaissance du monde de l’art, les officiers de Scotland Yard conseillent les forces de police en province. L’Arts and Antiques Squad travaille également en association avec Interpol et les forces de police étrangères, notamment avec la France et l’Italie. Les données sont informatisées afin d’enregistrer les œuvres d’art volées et faciliter l’accès à ces informations.

Depuis que les banques dénoncent les transactions suspectes, les œuvres d’art sont acquises par les criminels pour blanchir l’argent de la drogue. En août dernier, au cours d’une opération dans le cadre de la lutte contre le trafic des stupéfiants, les policiers ont découvert, dans une maison du Kent, un Reynolds volé, le Portrait de l’ami­ral Keppel, évalué 200 000 livres (1,7 million de francs).

Blanchir l’argent de la drogue
L’utilisation des œuvres d’art pour le blanchiment des narcodollars a été illustrée concrètement en décembre, au cours d’une opération internationale menée par les polices britannique, américaine, italienne, espagnole et celle des îles Caïman. Plus d’une centaine de suspects ont été arrêtés, et des tableaux de Rubens, Reynolds et Picasso ont été saisis dans une chambre d’hôtel à Atlanta. Ces raids ont eu lieu trois semaines après la publication d’un rapport de la Fédération des forces de police britanniques sur le blanchiment de l’argent.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°11 du 1 février 1995, avec le titre suivant : Forte croissance des vols en 1994

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