Dessin

Les efforts paient

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 30 mars 2010 - 536 mots

Si le commerce fut actif au Salon du dessin, à la Bourse, il fut plus mitigé au Salon du dessin contemporain.

PARIS - Organisé du 24 au 29 mars à Paris, le Salon du dessin est décidément béni des dieux. Défiant crise et raréfaction, les exposants avaient fait de sérieux efforts, palliant le manque de chef-d’œuvre par un surcroît d’esprit. On admirait aussi bien une belle gouache de Léger de 1927 chez David Levy (Paris) qu’un dessin à l’encaustique de Sonia Delaunay, aussitôt vendu par Michel Zlotowski (Paris), sans oublier le magnifique accrochage de Wienerroither & Kohlbacher (Vienne).

La grande majorité des exposants semblaient satisfaits des affaires, notamment grâce à l’activisme des Américains. La galerie Trinity Fine Art (Londres) a ainsi cédé à un particulier d’outre-Atlantique Une Vierge sur un trône par Bernardino Lanino. Son confrère londonien Stephen Ongpin a aussi vendu dès le vernissage cinq dessins, dont trois étaient réservés par des musées américains. Une institution américaine a emporté chez Patrick Derom (Bruxelles) La Méduse de Jean Delville, qu’elle avait remarquée deux semaines plus tôt à Tefaf, la foire de Maastricht.

Des passerelles
Le pan contemporain n’intéresse encore que les amateurs d’art actuel, de plus en plus nombreux cependant à fréquenter le salon. Florence et Daniel Guerlain ont ainsi acquis un dessin de Pavel Pepperstein à la Galerie de France (Paris). « Les racines sont prises, les collectionneurs d’art ancien manifestent un vrai intérêt. Mais de là à craquer sur un dessin contemporain à 30 000 euros, c’est autre chose », confiait Catherine Thieck, directrice de la galerie. Des passerelles se tendent peu à peu. Un amateur de dessins anciens a ainsi acheté une feuille de Tony Cragg chez Bernd Klüser (Munich).

Désormais installé au Carrousel du Louvre, le Salon du dessin contemporain a gardé une vraie tenue malgré le retrait de quelques locomotives. Certes, peu de pièces étaient captivantes. Mais on appréciait les dessins récents de Philippe Favier chez Sollertis (Toulouse) et ses feuilles plus anciennes chez Lucie Weill & Seligmann (Paris). Certains s’en sont d’emblée très bien sortis, comme Martine et Thibaut de la Châtre (Paris), avec les miniatures modernisées d’Achraf Tooloub, ou Frédéric Giroux (Paris) et les dessins numériques de Sylvain Sorgato.

Reste qu’il faut vendre énormément pour atteindre un équilibre économique, et la plupart des participants n’ont pas amorti leurs stands. « C’est un salon qui coûte trop cher par rapport au type de vente que l’on y fait, qui ne dépasse pas les 1 000 euros », remarquait Frédéric Giroux. D’ailleurs, après un démarrage dynamique le jour du vernissage, le rythme fut beaucoup plus mou.

« Le salon gagnerait à s’associer avec le Salon du dessin », estimait François Quintin, directeur de la galerie Xippas (Paris). « J’aimerais un pont de communication entre nous », s’est aventurée Christine Phal, organisatrice du Salon du dessin contemporain. Cette perspective n’est toutefois pas à l’ordre du jour, même dans l’éventualité d’un repli forcé du Salon du dessin au Carrousel.

« Les organisateurs du Salon du dessin contemporain ont toujours eu une position agressive vis-à-vis de nous, et ont cherché à piquer nos idées. Notre salon vit par lui-même », répond Hervé Aaron, président de la Société du dessin. Les différends sont loin d’être réglés.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°322 du 2 avril 2010, avec le titre suivant : Les efforts paient

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