Piasa

La voie lactée

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 30 mars 2010 - 518 mots

La pénurie d’œuvres d’art sur le marché a encouragé les enchères sur les tableaux et meubles de la collection Carasso.

PARIS - Dispersée le 19 mars à Drouot, la succession Daniel Carasso (1905-2009), fils du fondateur de Danone, a rencontré un succès fou. 100 % des 111 lots ont trouvé preneurs pour 9,1 millions d’euros contre une estimation de 5 millions d’euros. Pourtant la vente n’offrait qu’un résidu de la collection Carasso, bien plus fournie en œuvres majeures que ce qui était proposé aux enchères. La famille aurait conservé nombre de belles pièces.

En vedette, Nature morte sur fond jaune, très beau tableau de 1939 signé Fernand Léger, a été emporté pour 1,4 million d’euros, le double de son estimation basse. La sculpture d’Aristide Maillol, Nymphe aux fleurs, étude préparatoire pour le groupe des Trois nymphes qui avait la garantie d’être une fonte ancienne (avant 1939) du vivant de l’artiste et avait été réalisée sous son contrôle, a été adjugée 595 000 euros, un des meilleurs prix pour un bronze de Maillol sur le marché international.

Plus surprenantes sont les fortes sommes déboursées pour un groupe d’œuvres impressionnistes qui, bien que signées de grands maîtres, étaient loin d’être des chefs-d’œuvre. L’huile sur toile intitulée Dans la prairie, Vétheuil (1881), de Claude Monet, est partie à 312 280 euros, le double de son estimation basse. Paysage avec femme en rose, arbres et barrière au fond (1918-1919), tardif tableau d’Auguste Renoir, a été emporté pour 470 900 euros, au-dessus de son estimation haute, tandis qu’une petite huile sur toile du peintre, représentant un Compotier de pommes, s’est envolée à 198 270 euros, contre une estimation de 80 000 à 120 000 euros.

Un nu de Vuillard
« Faute de grives, on mange des merles, lance un professionnel. On se contente de se que l’on trouve sur le marché pour répondre à la forte demande en œuvres d’art de notre clientèle. Car les collectionneurs ne veulent pas vendre… » Les prix ont également grimpé pour les toiles d’Albert Marquet, parmi lesquelles Naples, le Vésuve, partie à 297 500 euros, trois fois son estimation basse. La palme revient à Nu étendu (vers 1891), huile sur carton par Édouard Vuillard.

Pour ce sujet rarement traité chez l’artiste, un acheteur est monté jusqu’à 557 600 euros, contre une estimation de 80 000 euros. Du côté des meubles, seule une rare table de salon de forme ovale, d’époque Louis XVI, par Roentgen, pouvait prétendre atteindre un niveau « Biennale ». Elle est partie à 161 000 euros. Mais des enchères inattendues ont été réalisées sur des meubles de qualité moindre, toujours en raison de la pénurie d’objets sur le marché.

La maison Piasa avait fait un effort de présentation de la collection, ce qui a contribué au succès de la vente. Sur une scénographie de François Payet, trois ensembles de mobilier et objets d’art avaient été admirablement agencés, tandis les tableaux étaient valorisés par un éclairage directionnel sur fond de velours bleu nuit.

COLLECTION CARASSO

Estimation : 5 millions d’euros

Résultats : 9,1 millions d’euros

Nombre de lots : 111

Pourcentage de lots vendus : 100 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°322 du 2 avril 2010, avec le titre suivant : La voie lactée

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