Initiative privée

Avis de recherche

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 30 mars 2010 - 454 mots

Le Musée Barbier-Mueller lance sa fondation pour financer des enquêtes de terrain et des publications.

PARIS - Alors que la recherche sur les arts d’Afrique subsaharienne est en berne (lire l’entretien p. 6), le Musée Barbier-Mueller, à Genève, lance sa « Fondation culturelle », destinée à financer chaque année deux enquêtes de terrain assorties de publications. Le collectionneur Jean-Paul Barbier-Mueller a annoncé cette bonne nouvelle le 24 mars dans la salle de cinéma – archi-comble – du Musée du quai Branly, à Paris, en présence du président de l’établissement et de personnalités telles que Marie-Christine Labourdette, directrice des Musée de France ; Jean-François Jarrige, président honoraire du Musée Guimet, ou Jacques Toubon, à la tête de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, à Paris.

Parmi les quatorze spécialistes composant le conseil scientifique de la fondation, on compte Anne-Marie Bouttiaux, conservatrice en chef de la section d’ethnographie du très dynamique Musée de Tervuren, en Belgique ; Philippe Peltier, conservateur en chef responsable de l’unité patrimoniale Océanie-Insulinde au Quai Branly ; ou la chercheuse Daniela Bognolo (associée au Centre d’études des mondes africains).  

Les missions d’observation à venir et publications seront financées par la maison suisse Vacheron Constantin, qui s’est engagée sur dix ans. « La fondation est née assez brusquement d’un désir de ne rien laisser perdre de l’œuvre de l’homme, a expliqué Jean-Paul Barbier-Mueller. On se penche toujours sur les mêmes grandes ethnies très connues, qui ont beaucoup produit. Pourtant, à leurs côtés, vivent de petits groupes, qui demeurent ignorés.

Garder trace de leurs productions plastiques, parfois totalement périssables, sera le principal objectif de cette fondation à vocation internationale. » Lors de la présentation, Laurence Mattet, directrice du Musée Barbier-Mueller, a d’ailleurs lancé un appel aux ethnologues et chercheurs qui seraient intéressés par ce type de projet… Un film pourrait également être réalisé à l’issue de ces missions, à l’initiative, cette fois, de la Fondation de Yann Arthus-Bertrand.

Cette dernière proposition n’a pas été accueillie avec un grand enthousiasme par les chercheurs, qui préfèrent opérer en toute discrétion. Les deux premières enquêtes ont été présentées le 24 mars en présence de leurs auteurs. Dagnela Bognolo a ainsi livré une étude sur les Gan, peuple originaire du Ghana installé au sud-ouest de l’actuel Burkina Faso, tandis que Michel Boyer s’est penché sur de petites ethnies animistes de Côte d’Ivoire, les Wan et les Mona, ainsi que sur les Koyaga, qui sont islamisés mais ont conservé la tradition des masques.

À cette occasion, Michel Boyer a souligné que certaines pièces du Musée du quai Branly actuellement inscrites comme des masques Baoulé sont probablement des productions Wan, dont ils adoptent toutes les caractéristiques… Preuve, s’il en faut, que l’activité de la recherche est indispensable aux musées.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°322 du 2 avril 2010, avec le titre suivant : Avis de recherche

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