Brétigny-sur-Orge

Les mauvaises manières

Philippe Ramette au Frac Champagne-Ardenne, puis au Centre d’art de Brétigny-sur-Orge

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1995 - 347 mots

Le Frac Champagne-Ardenne présentait le mois dernier une exposition très complète des dernières œuvres de Philippe Ramette, qui trouvera ce mois-ci un prolongement au Centre d’art de Brétigny-sur-Orge, en banlieue parisienne. L’occasion de suivre les récents développements du travail de cet artiste de 34 ans, révélé en 1991 à la Villa Arson à Nice.

REIMS - De Philippe Ramette on connaissait les objets très policés, dignes des cabinets de curiosités, oscillant entre prothèses et instruments de torture. Depuis 1993, Ramette conçoit des sortes de meubles en pin brut à usage collectif, où le ton se durcit, notamment avec cette Table à convivialité dont l’exposition proposait une version simplifiée.

Ramette garde ce goût pour l’élaboration et la fabrication des objets, qui l’entraîne parfois dans une logique des idées trop proche de celle d’un concurrent du concours Lépine. En multipliant plusieurs petits objets, il atténue la violence contenue, mais réelle, que recèlent certains d’entre eux. Pour exemple, cette série d’Assiettes écœurantes (1995) : images de corps déchiquetés sérigraphiées au fond d’assiettes en porcelaine, posées sur des petites étagères.

Passée la littéralité du discours, leur présentation renvoie à celle des "multiples" chers à l’art contemporain, évacuant leur prétendue valeur d’usage. Il ponctue aussi l’exposition de miroirs déformants, déjà présentés à Paris à la galerie Météo, auxquels on préférera ceux du Jardin d’acclimatation.

De forme plus rigoureuse, les projets urbains sont beaucoup plus corrosifs, toujours au bord d’un processus dangereux dont le spectateur est le détonateur potentiel. Comme cette Borne à révolte (1994), tige de métal sur ressort, au bout de laquelle un boulet peut être propulsé dans le décor. Ou ce plongeoir donnant sur le vide, invitation à reconduire le geste d’Yves Klein. Les propositions envisagées pour Brétigny seraient plutôt de cette veine, le spectateur étant invité à se caler dans des objets dont l’apparence ne suppose pas la nature des gestes qu’ils impliquent.

Philippe Ramette, du 6 mai au 24 juin, Espace Jules Verne, rue Henri Douard, Brétigny-sur-Orge. Tél. 60 85 20 85, mardi-samedi, 14-18h, mercredi-samedi, 11-13h. Catalogue, textes de N. Ergino et J.-Y. Jouannais, 85 p., 75 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°14 du 1 mai 1995, avec le titre suivant : Les mauvaises manières

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