New York : Picasso superstar for ever

Le Journal des Arts

Le 1 juin 1995 - 464 mots

Les \"Carnets de croquis de Picasso, 1900-1905\", exposés chez Jack Krugier jusqu’au 1er juillet, révèlent les hésitations de l’artiste, à une époque où il cherchait encore sa voie. La facture de ces dessins de Madrid, Paris et Barcelone n’a pas encore le poids de ses peintures, ni l’économie de moyens d’un artiste achevé. Nous voyons ici le jeune Picasso s’essayant à différents styles sous l’influence d’autres artistes tels que Toulouse-Lautrec.

"Picasso et le dessin", chez PaceWildenstein, jusqu’au 2 juin, démarre là où l’exposition Krugier s’arrête. À la fin de 1920, son œuvre insiste sur le "non naturel" et l’abstrait. Cette exposition comprend un choix assez représentatif de l’œuvre de Picasso jusqu’en 1970, plusieurs toiles figurant parmi la centaines d’œuvres proposées.

Pour "Pablo Picasso : œuvres de l’atelier de la rue des Grands-Augustins, 1939-1947", Mathew Marks présente, jusqu’au 24 juin, huit huiles et quatre œuvres sur papier qui reflètent ce que l’artiste appelait "les années les plus solitaires de ma vie".

Une palette de gris, noirs et blancs domine ces tableaux, projetant une ambiance sombre sur l’intérieur des scènes. Marks est un des jeunes marchands les plus intéressants de ces dernières années. Il expose jusqu’au 25 juin "Richard Serra : nouvelle sculpture". To whom it may concern, composé de neuf plaques d’acier massif isolées, est la plus grande sculpture d’intérieur construite par l’artiste depuis dix ans.

"Les nus d’Andy Warhol" présentés chez Robert Miller, jusqu’au 16 juin, possèdent une certaine tristesse, une sorte d’insatisfaction peut-être inhérente à la nature voyeuriste de l’œuvre. Fondées sur ses portraits au Polaroïd, ces pièces mélangent des fonds texturés, une contre-hachure grossière sur les ombres et les corps, et des traces physiques de la main de l’artiste, manifestant sa présence.

Si ces marques rappellent que Warhol ne voulait pas que la qualité artistique de l’œuvre soit estompée par la nature mécanique du procédé photographique sous-jacent, elles prouvent également l’existence d’une certaine ironie.

Mais si Warhol est en prise directe avec l’image-représentation, nous savons qu’il était la plupart du temps complètement hors jeu pour le passage à l’acte. "Le sexe est si abstrait", disait-il. Montrant l’outsider qui regarde à l’intérieur, ces images sont, à bien des égards, ce qui, venant de lui, ressemble le plus à un nu.

Les peintures de Malcolm Morley proposées par Mary Boone, jusqu’au 24 juin, sont constituées à parts égales par le souvenir et par l’imagination. L’œuvre de Morley, commencée dans les années soixante, est une évocation de son enfance londonienne pendant la guerre, à travers une série de motifs récurrents : bateaux et avions en piqué. Si les événements qu’il représente sont imaginaires, le cadre s’inspire de ses innombrables errances. Dans le monde de Morley, le littéral et l’abstrait sont en perpétuelle juxtaposition. C’est cette dualité qui rend le voyage en sa compagnie si intéressant.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : New York : Picasso superstar for ever

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