Architecture- Bruxelles au chevet de l’architecture contemporaine

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1995 - 476 mots

À travers un inventaire raisonné, de nombreux édifices bientôt protégés et des actions de sensibilisation du public, le secrétaire d’État belge aux Monuments et aux Sites lance une campagne pour la sauvegarde de l’architecture contemporaine à Bruxelles.

BRUXELLES - En 1993, après plusieurs cas de réaménagement et d’altération d’édifices contemporains remarquables, une rencontre avait été organisée entre le secrétaire d’État Didier Van Eyll et une délégation de l’ordre des architectes, des associations d’architectes et la commission royale des Monuments et des Sites.

Face au constat de la vulnérabilité de l’architecture contemporaine – due à des facteurs aussi bien matériels que culturels –, deux propositions avaient été avancées : d’une part, protéger les édifices contemporains majeurs, et de l’autre, entamer une action de sensibilisation du grand public et des fonctionnaires communaux et régionaux. Les architectes Pierre Puttermans et Jacques Aron, bien connus en matière de critique architecturale, ont été aussitôt chargés d’établir une liste raisonnée d’édifices contemporains à inscrire à l’inventaire légal.

Ce rencensement est à présent achevé. Il comprend des fiches décrivant quelque 154 édifices ou ensembles construits entre 1940 et 1993, depuis les réalisations de précurseurs tels Louis Herman De Koninck ou Antoine Pompe, jusqu’aux travaux plus récents de Lucien Kroll, André Jacqmain ou Philippe Samyn.

L’Atomium sera protégé
Étant donné le manque de recul par rapport à cette architecture, le choix risquait d’être particulièrement aléatoire et subjectif. Les auteurs, épaulés par un comité d’accompagnement pluraliste, ont tenté d’évaluer la qualité formelle des édifices en tant qu’expressions d’une époque ou d’un créateur. Ils ont également pris en compte la qualité de l’implantation et l’intégration dans l’environnement. La valeur technique a constitué un autre critère de taille pour une architecture témoignant de l’évolution rapide des techniques et des matériaux.

Enfin, des édifices liés à des personnes ou des événements particuliers ont pu être choisis pour leur valeur documentaire, indépendamment de leur qualité architecturale.

La plupart des biens repris dans l’étude seront prochainement proposés au gouvernement pour mention à l’inventaire. Ils bénéficieront ainsi du niveau de protection légale le plus faible, mais le seul qui soit actuellement adapté à des édifices parfois très récents et encore soumis à de fortes contraintes fonctionnelles. Quelques réalisations particulièrement significatives seront cependant proposées à l’inscription sur la liste de sauvegarde, ou même au classement. Parmi ces dernières, citons l’Atomium, l’habitation personnelle de l’architecte De Koninck, ou encore le siège de la Banque Bruxelles-Lambert, construit de 1961 à 1965 sur les plans de l’architecte américain Gordon Bunshaft.

Ces mesures de protection seront doublées de plusieurs actions de sensibilisation visant à réconcilier le public avec une période architecturale très peu populaire. Elles porteront sur des publications, des émissions de télévision, et la constitution de fonds documentaires sur l’architecture contemporaine auprès de plusieurs bibliothèques publiques. En outre, une attention particulière sera accordée à la sauvegarde de l’architecture contemporaine lors des prochaines Journées du Patrimoine.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Architecture- Bruxelles au chevet de l’architecture contemporaine

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