Washington

Arshile Gorky, le chant du cygne

Les \"dernières années\" à la National Gallery of Art

Par Roger Bevan · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1995 - 465 mots

La National Gallery of Art de Washington expose 21 toiles ainsi que 18 pastels et dessins d’Arshile Gorky, réalisés entre 1941 et 1948, l’année de sa mort. Michael Auping, commissaire de l’exposition et conservateur du Fort Worth Modern Art Museum, a voulu commémorer le soixante-quinzième anniversaire de l’arrivée aux États-Unis d’Arshile Gorky, né en Arménie en 1904.

LONDRES - Contrairement aux rétrospectives consacrées à l’œuvre de Gorky organisées au Solomon R. Guggenheim Museum à New York, en 1981, par la Fondation La Caixa, à Madrid, puis à la Whitechapel Art Gallery à Londres, en 1989-1990, l’exposition de la National Gallery à Washington ne présente que les toiles de la maturité de l’artiste.

Ces œuvres de la dernière manière font encore référence à Miró et au goût de Gorky pour le biomorphisme surréaliste, mais elles s’en distinguent par une technique nouvelle, mise au service de sujets qui évoquent les paysages et les mythes de l’enfance arménienne du peintre.

L’exposition offre l’occasion de reconsidérer cette période de la carrière de Gorky à la lumière des discussions engendrées par la récente exposition consacrée à De Kooning par la Tate Gallery à Londres. Les deux artistes s’étaient liés d’amitié, et Gorky semble avoir été le "leader" en matière artistique.

Pour preuve, une lettre adressée par De Kooning à la revue Art News, en 1949, pour corriger une information selon laquelle il aurait été à l’origine de l’évolution de Gorky. De Kooning précisait : "Je suis heureux de me trouver dans l’impossibilité d’échapper à son influence. Aussi longtemps que je la subirai, tout ira bien pour moi."

Parmi les toiles exposées, la plus grande des huit versions de Garden at Sochi (1941, MoMA, New York), Waterfall (1942, Tate Gallery, Londres), The liver is the cock’s comb (1944, Albright-Knox Art Gallery, Buffalo) et cinq des neuf toiles présentées en 1945 à la Julien Levy Gallery, la plus importante exposition particulière organisée du vivant de l’artiste, dont How my mother’s embroidered apron unfolds in my life (1944, Seattle Art Museum) et Water of the flowery mill (1944, Metropolitan Museum, New York).

Les trois dernières années de production de Gorky sont illustrées par des compositions qui ont fait date : une des trois versions de The plow and the song (1947) et Dark green painting (1948), autrefois dans la collection de H. Gates Lloyds. Cette œuvre a fait 3,2 millions de dollars chez Sotheby’s à New York, le 4 mai 1994. Mais le prix record pour un tableau de Gorky avait été atteint six mois auparavant, lorsque Year after year (1947) s’était vendu 3,5 millions de dollars chez Christie’s, toujours à New York.

"Arshile Gorky : the breakthrough years", National Gallery of Art, Washington, jusqu’au 17 septembre. Albright-Knox Art Gallery, Buffalo, 13 octobre-3 décembre. Fort Worth Modern Art Museum, 13 janvier-17 mars 1996.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Arshile Gorky, le chant du cygne

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