Les chantiers de Philippe Douste-Blazy

Ministère de la Culture

Par Emmanuel Fessy · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1995 - 530 mots

Philippe Douste-Blazy, 42 ans, maire (CDS) de Lourdes depuis 1989, ministre délégué à la Santé dans le gouvernement d’Édouard Balladur, remplace Jacques Toubon rue de Valois, à la tête d’un ministère dont les attributions apparaissent amoindries. Ce cardiologue, qui a rallié Jacques Chirac après le premier tour des présidentielles, est inconnu du monde de la Culture.

PARIS - La lettre adressée à Jacques Chirac par une cinquantaine de personnalités, dont les artistes César, Olivier Debré, Pierre Soulages, Adami, le galeriste Daniel Templon, l’architecte Christian de Portzamparc, le décorateur Richard Peduzzi, n’aura servi à rien. Ils réclamaient le maintien de Jacques Toubon rue de Valois, et la création d’un grand ministère de la Culture.

Par rapport à son prédécesseur, Philippe Douste-Blazy perd la Francophonie, qui est rattachée au ministère des Affaires étrangères et confiée à un secrétaire d’État, Margie Sudre. Il ne gagne ni la Communication en tant que telle, ni les “Grands travaux”, autrefois dévolus à Jack Lang.

La première tâche du nouveau ministre sera d’obtenir la concrétisation de la promesse du candidat Jacques Chirac “que le budget de la culture soit enfin porté à 1 % du budget de l’État”... “C’est une nécessité politique”, avait déclaré au Journal des Arts (avril, n° 13) le futur président durant sa campagne électorale.

Philippe Douste-Blazy aura bien besoin de moyens accrus pour mettre en route la Bibliothèque nationale de France, qui sera l’un de ses dossiers majeurs. À l’heure actuelle, seul le bâtiment est livré ; reste à installer un équipement informatique sophistiqué, à définir les conditions d’ouverture, à cadrer un budget de fonctionnement qui pourrait dépasser un milliard de francs, trois fois celui de l’ancienne Bibliothèque nationale (BN).

Le nouveau ministre devra gérer les espaces laissés vacants à la BN et destinés au futur Institut national d’histoire de l’art. Michel Laclotte, ancien président du Louvre, a remis son rapport. Il faut maintenant décider de l’organisation administrative, du calendrier des travaux et du financement de l’Institut.

L’avenir du Grand palais
Autres grands chantiers, la rénovation du Centre Pompidou et celle du Grand Palais pour laquelle rien n’est encore arrêté. Jacques Toubon avait envisagé deux hypothèses. La première, minimale, vise la consolidation des fondations, ainsi que la réfection des structures métalliques. D’un coût estimé à 700 millions de francs, elle prévoit des travaux débutant cet automne pour une durée de trente mois.

L’autre, nettement plus ambitieuse, dépasse la simple réhabilitation pour transformer, en collaboration avec la Ville de Paris, tous les espaces en un vaste centre d’expositions doté d’un parking.

Philippe Douste-Blazy devra également inscrire dans son budget le projet de rénovation du Musée Guimet, évalué à plus de 200 millions de francs, ainsi que ceux lancés en régions. Pour l’art contemporain, il devra répondre au malaise des Frac et des centres d’art.

Enfin, durant sa campagne, Jacques Chirac avait repris le credo en faveur “d’une véritable politique des enseignements artistiques à l’école”, déplorant que la loi programme de 1988 n’ait pas été appliquée. “Une réforme de cette ampleur ne pourra se faire qu’avec un véritable réaménagement des rythmes scolaires”, avait-il souligné auprès du JdA, qualifiant cette réforme de “l’une des toutes premières priorités”, et de “l’un des enjeux essentiels de la démocratie culturelle”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Les chantiers de Philippe Douste-Blazy

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