Belgique : la révolte des Marcel à Anvers

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1995 - 673 mots

Les mois d’été provoquent un ralentissement des expositions et leur déplacement vers les lieux de vacances. Le littoral captera donc les regards des amateurs avides de salons généralistes qui ne cessent de se multiplier.

Toutes les galeries de la côte, comme la majeure partie de celles de la capitale, offriront un panorama des artistes maison pour un accrochage d’été qui ressemble comme un frère à celui des autres années.

À Ostende, où Jozef Peeters, un des fondateurs de l’Abstraction en Belgique, est présenté au Musée provincial d’art moderne, la galerie Robert et Partners présente jusqu’au 27 août une exposition rétrospective de Noël Vermeulen. Cet artiste, né en 1917 et disparu il y a maintenant six ans, s’est illustré comme une figure singulière de l’Abstraction belge de l’après-guerre.

Pour Vermeulen, la couleur dans sa profusion lyrique ou dans sa concentration construite, constitue le support d’une réflexion profonde. Le peintre médite par dépouillements successifs. L’équilibre n’est pas rupture puisque Vermeulen revient par l’abstraction aux valeurs humanistes du Trecento.

À Blankenberghe, l’Art Gallery Marc De Geester expose jusqu’au 30 septembre les œuvres de Livia Canestrano et de Stefan Depuyt. Celles-ci témoignent de la vigueur du dialogue qui oppose, et lie, la figuration expressive de la Roumaine à l’abstraction organique du jeune artiste flamand (Casino de Blankenberghe).

À Anvers, à côté des activités multiples du Musée de la photographie qui animeront l’été (informations au 3216 22 11), la galerie Ronny Van de Velde présente jusqu’au 23 juillet six expositions parallèles consacrées à Clément Pansaers, Georges Herbiet, Paul Joostens, Edouard Léon Théodore Mesens, Marcel Marien et Marcel Broodthaers. L’exposition, richement documentée, offre ainsi un parcours original dans la subversion qui définit une veine essentielle de l’art belge contemporain ; de la révolte anarchiste de Pansaers à la mise en abîme opérée par Brooddthaers, un esprit critique se met en place sans renoncer au plaisir ni à la gratuité du jeu (Ijzerepoortkaai, 3).

À Bornhem, jusqu’au 2 novembre, si le soleil est au rendez-vous, les amateurs de sculpture pourront découvrir la nouvelle édition de "Monumental" qui, cette année, prend pour axe central le travail du marbre, avec des pièces de Patrick Combré, Hilde Van Summere, Pomodoro ou Nado Canuti (Foundation Helen Arts, Luipe­ghem, 77).

À Bruxelles, le calme estival enveloppe la capitale. On retiendra néanmoins chez Debras-Bical une exposition qui, jusqu’au 9 juillet propose une lecture personnelle de l’histoire de la porcelaine contemporaine offerte par Peter Lane (36 rue de la Victoire, 1060 Bruxelles).

Abac Gallery présente jusqu’au 23 juillet une rétrospective de l’œuvre de Kurt Peiser, artiste méconnu né en 1887 et disparu en 1962. L’exposition réunit des peintures, des dessins et des gravures qui attestent d’une sensibilité aux enjeux sociaux sans tomber dans la stérilité idéologique. Un parcours secondaire, loin des reconnaissances officielles, mais néanmoins empreint de sincérité (31 rue de la Madeleine, 1000 Bruxelles).

Chez Bastien, l’été est consacré à Serge Creuz, dont l’œuvre a évolué dans divers sens sans jamais renier sa fascination pour le monde du spectacle. La lumière constitue sans conteste la manière première du peintre. Elle nourrit ses peintures et aquarelles sans que le résultat soit toujours à la hauteur de la réputation de l’artiste (61 rue de la Madeleine, 1000 Bruxelles).

La Wittockiana expose jusqu’au 5 août les gravures de Marina Meyer. Un monde de griffes et de ratures qui investit l’image comme un champ d’écriture. Le trait revient sur la lettre, les couleurs jouent de l’effacement. Les techniques se mêlent pour rendre l’esprit du thème choisi : les écritures détournées (21 rue du Bemel, 1150 Bruxelles).

À Durbuy, Véronique Bosseret expose au Domaine Sainte Gertrude jusqu’au 7 septembre. Cette artiste a déjà à son actif des travaux dans le registre de la gravure et de l’imprimerie. La notion de trace semble l’obséder. Elle recherche la présence du corps humain à travers des jeux d’abstraction qui passent par le flux du trait, l’effacement des contours, le mouvement de la lumière. Cette recherche presque divisionniste trouve sa formulation la plus aboutie dans les pastels qui captent la lumière jusque dans sa matière.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°16 du 1 juillet 1995, avec le titre suivant : Belgique : la révolte des Marcel à Anvers

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