Bâle 95 : un grand cru

Des ventes meilleures cette année

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1995 - 604 mots

La 26e foire internationale d’art contemporain de Bâle, qui s’est tenue du 14 au 19 juin, s’est distinguée par la grande qualité des pièces proposées. Corrélativement, les ventes ont été meilleures qu’en 1994.

BÂLE - La foire de Bâle a, cette année encore, été à la hauteur de sa réputation de premier salon mondial pour l’art contemporain, rendez-vous incontournable pour les grands collectionneurs et les conservateurs de musées. En effet, la qualité d’ensemble des pièces présentées par les 250 galeries qui se sont partagées les 17 351 m2 du salon, était remarquable, surtout en comparaison avec d’autres foires récentes.

Pour les classiques modernes, la galerie Beyeler de Bâle proposait une sélection d’œuvres exceptionnelles de Magritte, Delvaux, Ernst, Giacometti, Picasso, Miró, Dali et Tanguy. Leur accrochage semblait préfigurer le musée qu’Ernst Beyeler fait actuellement construire par l’architecte Renzo Piano à Riehen, dans la banlieue de Bâle. La galerie Krugier de Genève montrait d’importants dessins de Cézanne, Picasso, Giacometti, ainsi que des œuvres sur papier antérieures au XXe siècle, du Tintoret, de Véronese, et même de Poussin. Également sur ce stand, une exceptionnelle Tête de Brancusi datant de 1907.

Pour sa première participation à la foire de Bâle, la Gagosian Gallery de New York réalisait un accrochage minimaliste, avec des Deadweight de Richard Serra et trois peintures sans surprise d’Andy Warhol. La foire offrait un grand nombre de pièces importantes, à l’image de Parallax piece with horizontal barrier (1971) de Bruce Nauman, proposée par Konrad Fischer de Düsseldorf. De nombreuses galeries vendaient également des œuvres de Christo, de la lithographie à la maquette, destinées à financer l’emballage du Reichstag de Berlin.

Dans les galeries françaises, les artistes "nationaux" étaient un peu plus présents qu’à l’accoutumée à la suite d’une subvention accordée par le ministère de la Culture imposant qu’au moins la moitié du stand soit occupée par nos artistes. Sur le stand de la galerie Pailhas, Sylvie Blocher montrait un projet spécifique, l’installation vidéo Living pictures, difficilement négociable si ce n’est à un musée. Il en allait de même pour quelques interventions d’artistes à l’intérieur du secteur des jeunes galeries, comme celles de Stephan Banz (Galerie ArsFutura, Zurich) ou de Dominique Gonzalez-Foerster (Galerie Jennifer Flay, Paris). Certaines d’entre elles préfèrent en effet utiliser les foires d’art contemporain comme des outils de promotion et travailler sur le long terme plutôt que de réaliser des ventes immédiates.

Et, de fait, les ventes dans ce secteur furent peu nombreuses. À l’inverse, dans les galeries plus traditionnelles, les ventes ont été meilleures que l’an dernier, mais toujours à des prix raisonnables. L’intérêt des collectionneurs suisses et allemands était vif alors que leurs homologues français se faisaient rares dans les allées, ce qui n’est guère rassurant pour l’avenir des galeries françaises. Dans ces conditions, celles-ci soulignaient la nécessité d’autant plus grande de la subvention allouée cette année par le ministère de la Culture. Dans le secteur dédié à la photographie, les galeristes avouaient que la situation restait difficile pour ce marché spécifique, au même titre que celui des vidéos.

La Foire de Bâle ouvrait d’ailleurs cette année, avec l’appui financier de la Société de banques suisses, son premier "vidéo-forum" (sur 250 m2) pour aider à la commercialisation des œuvres sur support magnétique. Une sélection de seize installations vidéos, de Pipilotti Rist, Marie-José Burki, Claude Closky ou Tony Oursler, a été présentée par leurs galeries respectives, sans frais pour elles. À l’examen des dossiers déposés, les jeunes galeries européennes sont apparues à Eva Keller, commissaire de l’exposition, comme les principaux défenseurs de l’art vidéo alors que, parallèlement, les productions vidéo de premier plan proviennent surtout des jeunes artistes italiens, anglais et français.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°16 du 1 juillet 1995, avec le titre suivant : Bâle 95 : un grand cru

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