Cahors, un printemps en demi-teintes

Beaucoup d’images et moins de photographie

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1995 - 438 mots

À Cahors, comme à Reims et Arles, l’art contemporain a pris le pas sur une pratique photographique traditionnelle. Postulant que l’image fixe ne se suffit plus à elle-même, Cahors s’est ouvert aux pratiques multimédias et à la vidéo, sans renoncer à ses animations nocturnes.

CAHORS - Comme le Mai de la photo à Reims et les prochaines Rencontres d’Arles, la dernière édition du Printemps de Cahors mettait l’accent sur l’art contemporain, déplaçant les enjeux de la photographie vers ceux de l’image en général.

À une exception près peut-être, (le Hollandais Johan van der Keuken), il n’y avait aucune intrusion de la photographie de voyage ou de reportage, ici supplantée par des "visées" plus formalistes : Valérie Belin photographiant en détail des vases de cristal, ou le Canadien Denys Farley renversant au fond de coupoles blanches, par le principe de la camera oscura, les paysages qui entourent Cahors.

D’autres évacuent l’acte photographique avec des images ready made qui viennent intégrer des installations : images découpées dans les journaux pour Wyn Geleynse, photos trouvées puis re-photocopiées chez Salvatore Puglia, cartes postales kitsch archivées par Joachim Schmid.

Des images aux statuts différents
Il était difficile de trouver un point d’équilibre au milieu d’images dont les statuts sont très différents : des images de films projetées sur les façades des maisons ou sur un rideau jaillissant des eaux du Lot (animation culturelle nocturne) au dispositif futuriste commandé à Yann Kersalé pour le cloître de la cathédrale, en passant par les statements de Jenny Holzer, sobres et incisifs, défilant sur la façade de la mairie.

Régis Durand, commissaire de la manifestation, inspecteur à la création artistique à la Délégation aux arts plastiques (DAP), voyait dans la thématique du cinéma choisie cette année – centenaire oblige –, "plus un prétexte qu’autre chose, pour montrer des types de travaux que nous aimons". Le cinéma apparaissait donc en filigrane par le biais de la citation (Fleischer, Le Gac, Rondepierre, Drahos…), ou dans une utilisation récurrente de la séquence et du montage (van der Keuken, Michals, Urbain, Paradeis,…).

Bien que le Printemps de Cahors affiche, plus que Reims et Arles, l’ambition de découvrir de jeunes talents, des travaux déjà montrés par des galeries s’y sont imposés, comme les Histoires vraies de Sophie Calle, présentées dans leur ensemble, et la série des troublants T.V. Portraits de Paul Graham. Les sons et lumières organisées les week-ends de mai ont drainé dans les expositions un public local considérable, qui dans la diversité des images qui lui étaient présentées, aura peut-être eu du mal à faire le bon choix.

Catalogue bilingue français/anglais, textes de R. Durand, S. Moisdon, Damien Sausset, 70 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°16 du 1 juillet 1995, avec le titre suivant : Cahors, un printemps en demi-teintes

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