Mécénat, le temps du redoux

Les musées toujours seconds

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1995 - 551 mots

Actions plus nombreuses, budgets en hausse : le mécénat s’est mieux porté l’an dernier, selon le bilan dressé par l’Association pour le développement du mécénat industriel et commercial (Admical). Au-delà des chiffres, de nouveaux comportements, amorcés en 1993, semblent se confirmer.

PARIS - L’année 1994 annoncerait un "redoux", selon les propos de Jacques Rigaud, président de l’Admical, pour qui la chute du mécénat serait enrayée et la tendance de 1993, marquée du sceau de la crise, inversée.

L’Admical a identifié 850 entreprises mécènes et évalué le budget du mécénat à 700 ou 800 millions de francs, soit 100 millions de francs de plus qu’en 1993. Même si certaines entreprises ont connu des restrictions, comme la Fondation Elf qui a vu son budget réduit de moitié, dans l’ensemble toutes les sociétés ont bénéficié d’un budget en augmentation.

Les actions de mécénat sont plus nombreuses, 1 900 en 1994, contre 1 600 l’année précédente, cette progression étant due au dynamisme des petites et moyennes entreprises (58 % du total).

Mais ces données sont à considérer avec précaution. Seules 160 entreprises ont communiqué leur budget à l’Admical. Par ailleurs, en période d’austérité, certaines entreprises hésitent à publier leurs chiffres, par crainte de paraître trop florissantes.
 
Le secteur musées-arts plastiques conserve sa seconde place, avec 24 % des actions, derrière celui de la musique (33 %), mais tous deux sont cette année à égalité en termes budgétaires (25 % chacun du budget total). La permanence de l’engagement d’entreprises comme Cartier, LVMH, Elf, UAP ou EDF, contribue fortement au budget de ce secteur, même si les musées ont connu une année moins faste qu’en 1993.

Le patrimoine enregistre une hausse des actions (9 % contre 6 % en 1993), avec un mécénat "technologique" appliqué à l’archéologie et une participation accrue à la sauvegarde du patrimoine artistique. La photographie est un des domaines les plus mal lotis avec 4 % des actions, devant l’architecture et le design (1 %).

Les entreprises ont désormais tendance à valoriser la culture de leur région d’origine et à se regrouper pour pratiquer un mécénat collectif. Elles se lient pour plusieurs années à leurs partenaires culturels et essaient d’évaluer de façon qualitative les effets de leurs actes de mécénat. Enfin, certaines d’entre elles, dans le sillage de la Fondation Cartier, ne se bornent plus à financer des projets mais définissent leur propre politique culturelle et cherchent des contributions pour la mener à bien.

Pour Jacques Rigaud, l’esprit même du mécénat a changé, avec l’émergence d’un mécénat d’initiative qui vient relayer le mécénat de contribution, de loin encore le plus important. Mais selon le président de l’Admical, l’avenir de toutes les formes de mécénat dépend "pour beaucoup du pouvoir politique, qui devra s’attaquer aux nombreux blocages fiscaux et mettre en place un cadre juridique véritablement incitatif pour les entreprises".

L’Oscar du mécénat à la Fondation Elf

La Fondation Elf a reçu le 13 juin le XVe Oscar "Culture" du mécénat pour son exposition "Vallées du Niger", présentée en 1993 au Musée des arts d’Afrique et d’Océanie. Cette exposition est itinérante, jusqu’en 1996, dans différents musées africains. Elf a été récompensée pour le même projet par le prix du Fonds international pour la promotion de la Culture de l’Unesco. Le jury était présidé cette année par Didier Van Cauwelaert, dernier lauréat du prix Goncourt.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°16 du 1 juillet 1995, avec le titre suivant : Mécénat, le temps du redoux

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