Rimini de retour à Ravenne

Le cycle de Pietro da Rimini était tombé dans l’oubli

Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1995 - 425 mots

Oubliées chez un restaurateur depuis 1969, les fresques de la chapelle Santa Chiara, réalisées au XIVe siècle par le peintre Pietro da Rimini, sont exposées depuis cet été au Musée national de Ravenne. Elles pourraient à l’avenir rejoindre les collections d’un futur Musée médiéval municipal.

RAVENNE - En 1969, la surintendance pour les Biens artistiques de Ravenne avait confié la restauration des fresques de la chapelle Santa Chiara, exécutées par Pietro da Rimini vers 1320, au restaurateur Ottorino Nonfarmale. Ce dernier les avait détachées des murs et transportées dans son laboratoire, à Bologne.

Mais en raison d’un manque de crédits permanent, les travaux n’ont été achevés qu’en décembre 1993 ! Un délai si long que la Ville, propriétaire de la chapelle Santa Chiara, avait oublié jusqu’à l’existence des fresques et autorisé entre-temps le théâtre, installé dans l’église contiguë depuis 1891, à s’agrandir en annexant la chapelle. Dès lors, fallait-il restaurer la chapelle et rendre les fresques à leur lieu d’origine ou s’orienter vers une autre solution ?

La recherche d’une réponse à ce problème singulier a suscité un long débat, dont émerge aujourd’hui un projet original. Les fresques pourraient être exposées dans un édifice historique reconverti en Musée médiéval. Ce nouveau musée couvrirait la période de l’histoire de Ravenne comprise entre le XIe et le XIVe siècle. D’autant plus que cette période a été trop longtemps négligée, en dépit d’un riche matériel documentaire conservé aux Archives municipales.

Couleurs suaves et délicatesse picturale
En attendant, le cycle de fresques est exposé depuis cet été au Musée national de Ravenne, spécialisé, lui, en art byzantin.

Au terme d’une convention passée entre la Ville et la Surintendance, les fresques y resteront en dépôt pour une durée de trois ans. Ainsi, on peut de nouveau apprécier la personnalité exceptionnelle de Pietro da Rimini, qui sut comprendre le sens profond du renouveau proposé par Giotto, en y intégrant une palette raffinée aux couleurs suaves et une délicatesse picturale propres à l’art des régions de l’Adriatique et à l’art byzantin. Dans leur nouvelle présentation, les trois superbes fresques, hautes de 8 m et larges de 6,5 m, sont réunies dans leur partie supérieure alors qu’elles avaient été séparées à une époque précédente (1956).

Comme de nombreux historiens de l’art l’ont souligné, de Cavalcaselle à Federico Zeri, le cycle de Santa Chiara est très représentatif de l’œuvre de Pietro parvenu à sa maturité, après qu’il eut déployé une intense activité en Romagne, dans les Marches et en Vénétie, à la fois en tant que peintre et en dirigeant de grands chantiers de décoration.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°18 du 1 octobre 1995, avec le titre suivant : Rimini de retour à Ravenne

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