L’art primitif se signe à Milan

Une exposition de poteries d’Amazonie attribuées à leurs auteurs

Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1995 - 366 mots

En Amazonie, certaines femmes Asurini façonnent et décorent leurs poteries avec un art si personnel qu’il est devenu possible d’attribuer précisément chaque œuvre à son auteur, comme le démontre une exposition organisée au Musée d’histoire naturelle de Milan.

MILAN - Les motifs iconographiques des poteries Asurini, réalisées uniquement par les femmes de cette tribu amazonienne, se déclinent à partir d’une centaine de dessins géométriques – grecques, lignes brisées à 90°, losanges, triangles, courbes, lignes en S… –, qui tendent à se répéter à l’infini, comme les jeux de positif-négatif inspirés par les éléments. Ces motifs, chargés de valeurs symboliques, d’ordre cosmologique ou religieux, constituent la base d’un système de pensée où l’image est considérée comme le fondement même de l’existence.

Du stade artisanal à la création artistique
La qualité esthétique des terres cuites exposées actuellement au Musée d’histoire naturelle de Milan varie beaucoup d’une pièce à l’au­tre, et l’on peut constater de visu que les décoratrices les plus douées sont passées du stade artisanal à la création artistique, permettant du même coup d’attribuer chaque pièce à son auteur. L’exposition rassemble une quarantaine de poteries, auxquelles s’ajoutent quelques couronnes de plumes et objets utilitaires. Ces pièces ont été offertes au musée par Aldo La Ourto, un médecin qui passe six mois de l’année parmi les Asurini.

Bien qu’on ait pu voir récemment, en Europe et en Amérique, plusieurs expositions consacrées à des artistes indigènes – peintres africains, sculpteurs inuits ou, comme à Genève, artistes aborigènes d’Australie –, tous ces artistes font désormais plus ou moins partie du circuit international de l’art. À l’opposé, les terres cuites des femmes Asurini ne se trouvent pas sur le marché et sont encore utilisées de nos jours par leur tribu pour l’accomplissement de certains rituels.

Ce miracle anthropologique tient au fait que les Asurini ne sont entrés en relation avec le monde occidental qu’en 1971 et qu’ils sont parvenus depuis à sauvegarder une bonne partie de leur patrimoine culturel.

LE MYTHE DU DESSIN, Musée d’histoire naturelle de Milan, à partir du 28 septembre. Du mardi au vendredi de 9h30 à 17h, samedi et dimanche de 9h30 à 18h30, fermé le lundi. La revue Natura publie un hors série à propos de l’exposition.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°18 du 1 octobre 1995, avec le titre suivant : L’art primitif se signe à Milan

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