Une rétrospective à 21,8 millions

Plus de 400 000 visiteurs sont attendus au Grand Palais

Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1995 - 680 mots

La rétrospective Cézanne fait partie de ce type d’événements sur lesquels la Réunion des musées nationaux (RMN) s’appuie pour limiter le déficit global des 20 à 30 expositions qu’elle organise chaque année, et qui atteint, bon an mal an, 20 millions de francs. Tout est en place pour rentabiliser au maximum l’opération : catalogue, Petit Journal, cartes postales, affiches, vidéos, CD-Rom, produits dérivés, etc.

PARIS - Le budget de la rétrospective Cézanne est de 21,8 millions de francs. Les primes d’assurances, exceptionnellement élevées pour l’occasion (7,5 millions) représentent les charges les plus importantes.

Il faut y ajouter les frais de personnel et de gardiennage (6,8 millions), les frais de transport et de mission pour les convoyeurs des tableaux (3,7 millions), et les frais de présentation et de scénographie (2,7 millions). Le reliquat (1,1 million) est absorbé par divers coûts liés à la communication, aux vernissages et à l’inauguration, etc. La participation du mécène, LVMH, n’a pas été rendue publique, mais on peut l’estimer entre un quart et un tiers du budget.

Celui-ci place d’emblée l’exposition parmi les plus coûteuses de ces dernières années, puisqu’il n’est surpassé que par les 32 millions dépensés pour les "Chefs-d’œuvre de la collection Barnes" au Musée d’Orsay (1993) – un cas exceptionnel puisque la "location" des œuvres avait coûté 2,5 millions de dollars (environ 14 millions de francs) aux deux mécènes, la BNP et Havas –, par les 25,1 millions du "Siècle de Titien" (1993), et par les 22,3 millions des "Origines de l’Impres­sion­nisme" (1994).

En tablant sur 5 000 visiteurs par jour, la RMN espère attirer au Grand Palais environ 430 000 visiteurs en 86 jours ouvrés. Mais leur nombre pourrait finalement excéder cette estimation raisonnable. L’exposition "Gustave Caillebotte" (1994), avec 387 000 entrées payantes, avait dépassé de 50 % les prévisions, faisant bondir les recettes liées au droit d’entrée de 10 à 15 millions de francs.

À titre de comparaison – hormis l’exposition "Barnes" qui a battu tous les records de fréquentation avec 1 147 977 entrées payantes, mais ce chiffre confond les visiteurs de l’ex­position et ceux du Musée d’Or­say –, le record d’affluence de ces dernières années est détenu par la rétrospective "Toulouse-Lautrec" (1992), avec 655 000 visiteurs payants.

De la faïence et des torchons
Autre source de revenus importante, le catalogue. Le premier tirage du catalogue Cézanne a été fixé à 31 000 exemplaires, auxquels s’ajoutent 4 000 exemplaires en italien et autant en espagnol. Pour ne pas léser la Tate Gallery de Londres et le Philadelphia Museum of Art, qui accueilleront la rétrospective ultérieurement, le catalogue n’a pas été traduit en anglais.

Ce produit constitue parfois un véritable jack-pot : pour mémoire, le catalogue Toulouse-Lautrec s’est vendu à 50 000 exemplaires, l’équivalent de 17 millions de francs de recettes. Sans compter, une fois encore, les sommets atteints par le catalogue Barnes : 180 000 exemplaires vendus !

Parallèlement, le premier tirage du Petit Journal de l’exposition, vendu 15 francs, sera de 50 000 exemplaires, mais ce chiffre devrait théoriquement doubler d’ici la fin de la rétrospective. Toutefois, les résultats sont très variables : 80 000 exemplaires vendus pour "Toulouse-Lautrec", mais dix fois moins pour "Zoran Music", cette année.

En plus des entrées et du catalogue, certaines ventes connexes sont loin d’être négligeables : ainsi, à l’occasion de l’exposition "Toulouse-Lautrec", plus de 650 000 cartes postales avaient été vendues (2,6 millions de francs), 25 000 af­fiches (625 000 F), 4 200 T-shirts (600 000 F), et même 11 500 pin’s (520 000 F).

Loin de cette acception extensive de la notion de "produit dérivé", qui lui avait à l’époque valu quelques sarcasmes, la RMN s’est contentée cette année d’éditer une modeste série de faïences, dont les tirages initiaux sont compris entre 100 et 500 exemplaires, et de torchons. En revanche, signe des temps, elle attend davantage des deux vidéos qu’elle coproduit – Cézanne, le film de l’exposition (premier tirage à 2 000 exemplaires) et La montagne Sainte-Victoire, dans la collection Palettes (3 500 exemplaires) –, et surtout du CD-Rom accompagnant l’exposition (20 000 exemplaires), qui sera même vendu en grande distribution.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°18 du 1 octobre 1995, avec le titre suivant : Une rétrospective à 21,8 millions

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