Les Brèves: Philippe Thomas, Roger Corbeau, Pierre Brochand..

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1995 - 622 mots

Philippe Thomas, artiste conceptuel, est décédé des suites du sida, le 2 septembre, à l’âge de quarante-quatre ans.
De sa formation littéraire et de ses années d’enseignement, il avait gardé un goût prononcé pour la spéculation théorique, qui s’est d’abord traduit dans les œuvres réalisées avec le groupe Information-Fiction-Publicité, qu’il avait fondé en 1982 avec Dominique Pasqualini et Jean-François Brun. Mais préférant très vite reprendre sa liberté, il avait créé une agence fictive dénommée "Les Ready-made appartiennent à tout le monde", avec laquelle il piégeait dans des dispositifs complexes la notion d’auteur et de signature.

La dimension critique de son travail l’emportait délibérément sur la plasticité, avec le risque calculé de perdre toute efficacité visuelle. Philippe Thomas avait conçu pour le CAPC de Bordeaux une exposition ambitieuse intitulée, en hommage à Nabokov, "Feux pâles". Mettant en scène détournements, interpolations, rapprochements insolites, signatures fictives, le catalogue qui avait été publié à cette occasion reste le document essentiel de son travail.

Roger Corbeau est mort le 14 septembre à l’âge de 86 ans. Découvert par Pagnol en 1933, il fut le photographe de plateau de Gance, Cocteau, Bresson, Chabrol, etc. Ses nombreux portraits d’acteurs, exposés cet été à l’hôtel de Sully, seront de nouveau visi­bles au Musée Fernand Léger, à Biot, du 20 octobre au 15 décembre.

Pierre Brochand a été nommé, en conseil des ministres, directeur général des Relations culturelles, scientifiques et techniques au ministère des Affaires étrangères. Il remplace Jean-David Levitte, devenu conseiller diplomatique du président de la République.

Deuxième vol en neuf mois à la Bibliothèque nationale de Saint-Pétersbourg. Quatre manuscrits du début du XIXe siècle, d’une valeur d’environ cinq millions de francs, ont été dérobés le 7 septembre. Comme au mois de décembre – où quatre-vingt neuf manuscrits du VIe au XVIIIe siècle avaient été volés, avant d’être retrouvés le mois suivant –, aucune trace d’effraction n’a été découverte.

Deux tableaux de Dali ont été dérobés dans la nuit du 29 au 30 août dans un musée d’Arnhem, aux Pays-Bas. La fuite en Égypte et Le Baisemain avaient été prêtés au Musée Musis Sacrum par un collectionneur privé italien. Les toiles étaient assurées pour un montant de 2,2 millions de francs.

La contestation du pavillon yougoslave à Venise
On se souvient (voir le JdA n° 16, juillet-août) de la réprobation du public et de la presse quant à l’occupation du pavillon de l’ex-Yougoslavie par un artiste de Belgrade (auquel Alain Jouffroy vient d’ailleurs de consacrer une monographie). À l’origine d’une pétition réclamant la fermeture du pavillon, qui a recueilli à ce jour plus de six cents signatures, Marie-José Mondzain avait, avant même l’ouverture de la Biennale, entamé une discussion avec la direction artistique de la manifestation pour programmer une exposition intitulée "Faire face".

Invoquant la juridiction internationale, l’avocat de l’Ente autonomo de la Biennale avait prétendu, lors de la conférence de presse inaugurale, que le pavillon revenait de plein droit aux autorités de Belgrade, position contestée dans nos colonnes (voir le JdA n° 17, septembre) par le vice-ministre des Affaires étrangères de Croatie en vertu des conclusions de la Conférence internationale du 4 juillet 1992.

L’occupation du pavillon, comme celle des ambassades de l’ex-Yougoslavie à travers le monde, est donc, du point de vue des Croates et des Bosniaques, illégale. Marie-José Mondzain ne désarme pas et envisage les suites à donner à son action, en rejoignant le Comité de réflexion et d’action qui devrait prochainement voir le jour à la Cartoucherie de Vincennes.

Une exposition d’artistes bosniaques et croates pourrait avoir lieu à Paris dans un futur proche. La pétition n’en continue pas moins son chemin, tandis que la Biennale ferme ses portes le 15 octobre.
-Faire face, c/o M.-J. Mondzain, 93, rue de la Roquette, 75011 Paris, fax : 40 24 11 53.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°18 du 1 octobre 1995, avec le titre suivant : Les Brèves: Philippe Thomas, Roger Corbeau, Pierre Brochand..

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