40 siècles d’art japonais

160 œuvres au Palais des expositions à Rome

Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1995 - 575 mots

Après Londres, où s’achève le festival Africa 95, c’est au tour de la capitale italienne de se livrer à une confrontation interculturelle à l’occasion du festival Japon. Comme en Angleterre, mais à une moindre échelle, celui-ci regroupe différentes expositions et manifestations liées aux arts plastiques, au théâtre, au cinéma…. Point d’orgue du festival, \"Le Japon avant l’Occident\", présenté au Palais des expositions, embrasse 4 000 ans d’histoire de l’art, de la préhistoire au XVIe siècle.

ROME - "C’est la première fois que notre gouvernement autorise une exposition de cette envergure dans un seul pays", souligne l’ambassadeur du Japon à Rome, M. Hanabusa. Cent soixante œuvres cultuelles, dont douze "trésors nationaux" provenant de collections publiques et privées japonaises, retracent 4 000 ans d’histoire de l’art, des temps les plus reculés jusqu’à la rencontre avec l’Occident – intervenue vers la moitié du XVIe siècle, par l’intermédiaire des marchands portugais.

La pièce la plus ancienne remonte à la moitié du IIIe millénaire, pendant la période dite Jômon. Datant de cette période préhistorique, une série d’objets en terre cuite, vases et statuettes anthropomorphes aux fonctions propitiatoires, deux "cloches" de l’âge du bronze et quelques miroirs, symboles d’autorité royale, sont également exposés. Viennent ensuite les haniwa, statuettes en terre cuite de formes et tailles variées, trouvées autour des grands mausolées des premiers souverains du Japon.

Au VIe siècle, avec l’introduction du bouddhisme, de nouveaux thèmes iconographiques apparaissent. De la Chine des Tang est importée la technique coûteuse et raffinée de la laque sèche, tandis que se développe, au VIIIe siècle, la statuaire en bronze et en argile. À partir du IXe siècle, après l’interruption de tout contact avec le continent, l’art japonais affirme son autonomie par un goût prononcé pour la sculpture sur bois.

Le nouveau courant du bouddhisme ésotérique (tantrisme), enrichi des divinités du panthéon indien, conduit les communautés religieuses à se déplacer des villes vers des endroits plus retirés et à produire des sculptures aux formes vigoureuses et inquiétantes.

Un concours de pets entre moines
Le règne des Fujiwara, famille noble au pouvoir jusqu’au XIIe siècle, marque un apogée. C’est l’époque des formes douces et raffinées dans les arts plastiques, baptisée "style de Joko" du nom d’un des principaux artistes de l’époque. Le culte le plus en vogue dans la noblesse, l’amidisme, est évoqué grâce à de belles peintures sur soie. En matière de sculpture, à côté des divinités tantriques, apparaissent les premières représentations anthropomorphes des divinités shintoïstes.

En 1180, la capitale Nara est mise à feu et à sang, beaucoup d’œuvres sont détruites. La nécessité où se trouvent les monastères de remplacer les objets du culte donne une impulsion décisive aux arts. Le style original et très réaliste de la nouvelle capitale Kamakura s’impose alors.

Avec le zen et l’influence du style chinois des Song, le Japon s’ouvre à la culture du portrait, auparavant inexistant, ainsi qu’à une peinture monochrome à sujet religieux ou décoratif. La fin de l’exposition présente également des selles en laque, des épées et des armures, des habits de cour, et six splendides paires de paravents (huile sur papier). Particulièrement remarquable aussi, un précieux album illustrant différentes maladies, un rouleau racontant une visite de l’empereur à l’occasion d’une course de chevaux, ainsi qu’une amusante série de peintures humoristiques, comme celle décrivant un concours de pets entre moines. Enfin, on trouvera un panorama de tous les styles de céramique à partir du VIIIe siècle.

LE JAPON AVANT L’OCCIDENT, Palais des expositions, Rome, jusqu’au 15 janvier.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°20 du 1 décembre 1995, avec le titre suivant : 40 siècles d’art japonais

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